Les voûtes : définition, fonctions et typologie

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Laurent Ridel

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Une voûte est un ouvrage courbe de maçonnerie, destiné à couvrir un volume. Utilisée au Moyen Âge, elle est particulièrement adoptée dans les églises. Quelle est la raison de leur succès ? Quelles sont les différences familles ?

Lors de vos visites de vieux monuments, vous n’y échapperez pas. Des voûtes couvrent les salles des châteaux forts, les galeries des cloîtres et surtout l’intérieur des églises. Éléments de prestige et de technicité, elles n’ont cessé d’évoluer.

Vous rencontrerez donc différents types : de la voûte en berceau à la coupole en passant par la croisée d’ogives. J’espère vous en faire découvrir au moins une ou deux dont vous n’aviez jamais entendu parler alors qu’elles se trouvaient, un jour de visite, au-dessus de votre tête.

9 types de voûte : berceau, croisée d'ogives, arêtes, coupole...
9 types de voûte à retrouver dans les églises. Liste non exhaustive…

Les églises sans voûtes 

D’emblée, je dois casser votre élan. Voûter une église n’est pas une règle absolue. Question de moyens financiers. Question aussi de tradition. Certaines régions d’Europe restèrent réfractaires aux voûtes. Question d’époque enfin. Elles sont quasiment absentes pendant la première partie du Moyen Âge. Dit autrement, sur les chantiers entre 500 et 1000 après Jésus-Christ, le couvrement en pierre ne fait pas partie du cahier des charges. On préfère une charpente de bois. Dans les modestes villages, c’est même toute l’église qui peut être charpentée.

Église à couvrement en charpente.
Église à couvrement en charpente. Les premiers églises romaines adoptaient généralement ce mode de construction.

Pourtant, depuis l’Antiquité romaine, les bâtisseurs savent faire des voûtes. Leur coût explique-t-il leur rareté ? Possible, si bien que Charlemagne peut se permettre de voûter sa chapelle palatine d’Aix-la-Chapelle. Est-ce aussi un problème de main d’œuvre ? En effet, les voûtes nécessitent davantage de savoir-faire qu’une charpente et les bâtisseurs compétents manquent probablement.

Mais le frein principal semble le risque que fait porter la voûte au monument. Elle alourdit le couvrement, elle génère des poussées déstabilisatrices. Artisans comme commanditaires craignent l’effondrement.

Notez que je n’avance que des hypothèses. Malheureusement, pour mon information, je n’ai pas pu mettre la main sur un bâtisseur du Moyen Âge pour qu’il me donne ses raisons 🙂.

Voûter : une révolution technique et esthétique

Ce qui est certain, c’est que, vers l’an mil, les réticences reculent. La voûte en pierre remplace peu à peu la charpente, malgré son coût et ses contraintes. Un nouvel art de bâtir s’impose, dont l’équilibre, fragile, nécessite des calculs plus exigeants. Il faut repenser tout : les supports, les poussées, les volumes.

Pourquoi cette évolution ? Là encore, les historiens de l’art en sont réduits à des hypothèses. Peut-être les bâtisseurs ont-ils bénéficié du savoir-faire arabe. Dans l’Espagne musulmane ou suite aux croisades, ils sont au contact d’autres traditions de construction.

Peut-être que le choix du voûtement répond surtout à un danger : le feu. La pierre isole — certes imparfaitement — l’intérieur de l’église des incendies qui se déclenchent dans les charpentes. Une nef voûtée est donc une nef qui dure (on dirait un slogan publicitaire 🙂).

Quelles que soient les raisons, le voûtement a l’avantage d’unifier l’architecture de l’église : du sol au sommet, la pierre forme l’enveloppe intérieure de l’édifice. Donc, la valeur est au moins esthétique. Le commanditaire qui lance un tel chantier compte bien acquérir pour lui et son église un certain prestige. Car, comme le dit l’historienne de l’art Éliane Vergnolle, construire une église voûtée demande tellement d’argent et de technicité.

Certaines régions sautent le pas — les Asturies en Espagne l’adoptent précocement, avant l’an mil. La Bourgogne suit au XIe siècle. A la même époque, s’épanouit l’art roman. La voûte devient l’apparat des nouveaux édifices. Cependant d’autres régions résistent, comme en Bretagne, en Normandie ou dans le Saint-Empire. Le bois reste roi. Il faut attendre l’époque gothique pour que la voûte devienne indispensable.

Comment construit-on une voûte ?

Une voûte appareillée.
Une voûte appareillée. Elle est constituée de pierres taillées en coin, les claveaux. Les claveaux permettent de reporter le poids d’une pierre à l’autre. L’ensemble génère cependant des forces déstabilisatrices, à la fois horizontales (des poussées) et verticales (des charges). Les charges ne posent pas trop de problème à condition d’avoir des fondations solides. Les poussées obligent par exemple à épaissir les murs.

Les voûtes médiévales ne sont jamais monolithes. Elles sont constituées de nombreuses pierres. On parle de voûte appareillée. Ce mode de construction se justifie. Il est plus simple de fabriquer, de transporter et d’assembler des petites pierres plutôt qu’un seul bloc monolithe. Autrement dit, la modularité de la voûte facilite la construction. Pensez aux legos.

En plus, cette façon autorise des portées audacieuses. Il est inconcevable de tailler une pierre courbe capable à elle seule de couvrir un édifice de 10 m de large. En décomposant l’arc en plusieurs pierres, on peut y arriver.

Encore faut-il les tailler en claveau, c’est-à-dire en coin (les côtés sont en biais et convergents). Grâce à cette forme, les pierres s’imbriquent et tiennent ensemble. Si on appuie sur un claveau, il ne peut pas s’échapper : il transmet cette pression aux claveaux voisins, qui font de même jusqu’à la rediriger vers les supports (colonnes, piliers, murs). Résultat, une fois fermée par la clé de voûte au sommet, la voûte peut supporter sa charge.

Gare cependant à la poussée, cette force d’écartement générée par la pression d’ensemble des claveaux. Elle peut rendre l’arc, et plus généralement la voûte, instable. Aux bâtisseurs de savoir la contenir, par exemple en épaississant les murs ou en ajoutant des arcs-boutants.

Lors de leur mise en place, les claveaux ne reposent pas dans le vide. Ils sont posés et assemblés sur un cintre, une structure temporaire de bois. Un joint de mortier (mélange de chaux et d’eau) lie les pierres, offrant une certaine souplesse de l’arc face aux déformations. Une fois le mortier séché, on peut retirer les cintres. Avec crainte… Tout peut s’effondrer vu le poids en jeu : dans la basilique romane de Saint-Savin, l’épaisseur des pierres atteint 2 m. À comparer à la légèreté de certains voûtains de Notre-Dame de Paris, 9 cm. Dans ces conditions, la verticalité des églises peut être davantage recherchée.

Lire aussi : identifier les arcs dans une église.

Je suis sûr que l’envie de monter une voûte vous démange désormais. Mais avant de vous mettre à tailler des pierres en claveau, réfléchissez au type de voûte que vous souhaitez.

Typologie des voûtes

Dans ce domaine, les bâtisseurs reprennent les formes antiques, mais aussi innovent. Si bien qu’on peut déterminer au moins une quinzaine de types de voûtes au Moyen Âge ! Vous avez le choix. Pour y voir clair, je vous propose donc une division en trois ensembles :

  • les voûtes cylindriques.
  • Les voûtes gothiques
  • Les voûtes sphériques

Chaque famille a ses usages, son époque et ses contraintes.

Les voûtes cylindriques

Facile : les voûtes cylindriques dessinent un couvrement en semi-cylindre. On les appelle aussi voûte en berceau. Elles recouvrent notamment les longues nefs des églises romanes. Gros problème : elles exercent des poussées très fortes sur leurs supports.

Voûte en berceau plein cintre.
Voûte en berceau plein cintre. Son profil est semi-circulaire. Des arcs dits doubleaux la renforcent ici à intervalle réguliers.

La pression de la voûte cylindrique peut être allégée en brisant le berceau, c’est-à-dire en lui donnant un profil en pointe, comme les arcs gothiques. Et ça nous donne un nouveau type de voûte.

Voûte en berceau brisé.
Voûte en berceau brisé. Elle se distingue de la voûte en berceau par son profil aigu. Elle est utilisée à la fin de l’époque romane (XIIe siècle).

Quand deux voûtes en berceau se croisent, elles forment une voûte d’arêtes. Vous en verrez plutôt au-dessus des bas-côtés ou des déambulatoires des églises romanes.

Lire aussi : le vocabulaire de survie pour comprendre l’architecture d’une église

Voûte d'arêtes
Voûte d’arêtes. Imaginez deux demi-cylindres se couper perpendiculairement. Des arcs doubleaux séparent les voûtes d’arêtes.

Abandonnées à l’époque gothique, les voûtes en berceau reviennent en grâce à la Renaissance et surtout à l’époque classique. Donc, gardez-vous de ce réflexe d’associer systématiquement une voûte semi-cylindrique à l’architecture romane.

Les voûtes gothiques

Malgré le nom que je leur attribue, les voûtes gothiques apparaissent avant la mise au point de l’architecture gothique. Les derniers bâtisseurs romans arrivent à en construire. Elles se généralisent au XIIIe siècle au point de devenir le type de couvrement unique – ou presque – des églises gothiques.

Cette hégémonie tient à leurs multiples qualités :

  • Elles pèsent moins que les voûtes cylindriques et demande donc moins de pierre (rappelez-vous les 9 cm des voûtains de la cathédrale de Paris)
  • Elles pèsent moins sur les murs grâce à leur structure qui canalise les forces sur les piliers ou les colonnes.
  • Elles s’adaptent à différents types de surface : carré, rectangulaire, pentagonale…
  • Elles dessinent des lignes — des nervures — qui donnent de la verticalité à l’édifice.

Légèreté, souplesse, esthétique, les voûtes gothiques ont tout pour plaire. La plus répandue s’appelle la croisée d’ogives. Les ogives sont des nervures diagonales qui structurent la voûte et la divisent en compartiments, les voûtains. Classiquement, une croisée d’ogives est divisée en 4 voûtains par le croisement de deux ogives.

Croisée d'ogives.
Croisée d’ogives classique. Son nom vient du croisement d’arcs appelés ogives. Les arcs doubleaux séparent les croisées d’ogives.

Mais les variantes de ce schéma sont nombreuses.

Voûte rayonnante.
Voûte rayonnante. Elle occupe notamment les fonds des églises en forme d’abside. Leurs ogives sont plus nombreuses que sur les croisées d’ogives classiques.

À partir du XIVe siècle, l’Angleterre, qui ne fait jamais comme tout le monde, développe une voûte gothique originale, la voûte en éventail. Constituée de cônes inversés, frappante par son ornementation, elle ne s’exportera jamais.

Voûtes en éventail.
Voûtes en éventail. Elles multiplient les nervures, évoquant les branches d’un arbre.

Les voûtes sphériques

Nous en arrivons à des structures non moins difficiles à construire mais plus évidentes à comprendre. Les voûtes sphériques reposent sur des divisions de sphère :

  • La coupole. Cette voûte semi-sphérique n’est pas très pratiquée en Europe occidentale au contraire de l’Empire byzantin. Elle couvre des espaces carrés, en particulier la croisée du transept.
Coupole
Coupole. Elle repose sur un niveau appelé tambour (non obligatoire) et se raccorde aux piliers par des pendentifs. Une ouverture est ici percée au sommet : l’oculus.
  • Le cul-de-four ou demi-coupole, soit un quart de sphère. À l’époque romane, elles couvrent les fonds de chapelles ou de chœur arrondis. En termes plus techniques, elles occupent les absides. Lire mon autre artiche : Chœur, chevet et abside : quelle différence ?
Voûte en cul-de-four.
Voûte en cul-de-four.

C’est terminé pour ce tour d’horizon. Mais ayez conscience que chaque famille a d’autres variantes, mais je ne souhaite pas vous noyer (je suis un auteur qui vous veut du bien 🙂).

L’ornementation des voûtes

On ne peut pas comprendre le succès de la voûte en ignorant son symbolisme. Sa forme ronde évoque la voûte céleste, le domaine de Dieu. D’ailleurs, elles reçoivent parfois un décor d’étoiles ou d’un christ en majesté.

La peinture fait donc partie des techniques pour décorer la voûte. Dans l’art baroque, les artistes créent des trompe-l’œil qui donnent l’illusion de s’entrouvrir pour laisser apparaître le ciel. Magnifique !

Voûte de l'église Saint-Ignace-de-Rome.
Voûte de l’église Saint-Ignace-de-Rome. La peinture baroque en trompe-l’œil par Andrea Pozzo fait oublier la forme en berceau de la voûte (Anthony Majanlahti/Flickr.com).

Pour orner la voûte, on peut aussi multiplier les nervures. C’est la voie choisie par les tailleurs de pierre à la fin de l’époque gothique. Les croisées d’ogives se complexifient et dessinent un réseau décoratif. On a déjà vu l’exemple anglais de la voûte en éventail, mais les Français, les Allemands, les Espagnols, etc. ne sont pas en reste.

Voûte en étoile.
Voûte en étoile, un exemple de voûte très nervurée. On retrouve les deux ogives propres aux croisées d’ogives mais d’autres arcs la subdivisent : les tiercerons (arcs diagonaux) et les liernes (arcs perpendiculaires). Le nombre de voûtains se trouve multiplié.

Parfois, une clé de voûte pendante donne le point final à ces démonstrations de virtuosité par les tailleurs de pierre.

Aujourd’hui, grâce au béton armé, on peut se dispenser d’utiliser des voûtes pour couvrir les grands volumes des églises contemporaines. Mais ce mode de couvrement reste apprécié.

À vous de les distinguer dans vos prochaines visites. Ça sera sûrement beaucoup plus facile que d’essayer de les construire 🙂.

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L’AUTEUR

Laurent Ridel

Ancien guide et historien, je vous aide à travers ce blog à décoder les églises, les châteaux forts et le Moyen Âge.

Ma recette : de la pédagogie, beaucoup d’illustrations et un brin d’humour.

Laurent Ridel

30 réponses à “Les voûtes : définition, fonctions et typologie”

  1. Avatar de GARCIA

    Bonjour Laurent,
    Magnifique travail de vulgarisation : clair , net et précis . On s’ enrichit chaque week-end .
    Cordialement
    J-Marie

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Ravi d’apprendre que mon travail atteint son but.

  2. Avatar de Patrick Pliska
    Patrick Pliska

    Bonjour Laurent,

    j’ai bien aimé vos modèles de voutes facon DAO, touteis la première vue introduit une confusion quand l’image de baies ogivales contredit le juste commentaire soit la précision que les voûtes en berceau precédent les ogives, mais c’est aisement rectifiable sur ímage electronique

    Bonne lecture

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Pas sûr d’avoir compris Patrick. De quelle image parlez-vous ?

  3. Avatar de de BEAUNAY
    de BEAUNAY

    Mille merci pour vos généreux partages et votre ingénieuse pédagogie à notre adresse. Vous ouvrez nos regards et nous donnez des clefs de lecture pour admirer nls édifices religieux.Je vous lis avec vive curiosité et plaisir tous les dimanches. Viendrez-vous nous visiter et donner des conférences dans le sud, Toulouse, Auch. Albi, Rodez, Narbonne, Bayonne…

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      On pourra vous reconnaître que vous êtes très ouverte sur les lieux de conférences. Je suis venu dans toutes les villes que vous citez, sauf Narbonne, en tant que touriste. Mais je peux y revenir si des associations, des institutions m’y invitent 🙂 Merci pour votre soutien.

  4. Avatar de Francis MARECHAL
    Francis MARECHAL

    Une fois encore, cette semaine, vous me surprenez et m’intéressez au plus haut niveau, complétant la formation scolaire basique, et enrichissant ma culture de l’histoire de l’art, particulièrement révélée en architecture. Aussi, MERCI, et j’attends vos prochaines lectures…
    Très cordialement
    Francis Marechal (85800)

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Merci pour votre fidélité.

  5. Avatar de Legrix
    Legrix

    Très bon article et super pédagogique. Et j’ai une question : comment classer la voute du couvent des jacobins à Toulouse ? Lors de ma visite, j’avais entendu en palmier mais cela semble se rapprocher su style éventail de l’Angleterre ?

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      je me suis posé la même question. La plus grande partie de la nef est simplement couverte de croisée d’ogives classiques. Les travées du choeur se distinguent par une voûte dite « en palmier » en effet. Je ne la comparerai pas à la voûte en éventail car ces dernières partent des murs latéraux et non d’un pilier central. Par contre un rapprochement peut être fait dans l’abondance des nervures.

  6. Avatar de MASCARTE
    MASCARTE

    Un grand merci pour votre excellent travail de vulgarisation…Nous visitons les églises et autres monuments avec un oeuil plus attentif et curieux…
    Daniel et Evelyne (62137)

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      J’en suis ravi. C’est la mission de ce blog.

  7. Avatar de michel guidoni
    michel guidoni

    Bravo pour votre article et la qualité des illustrations.
    Ceci étant, je viens de lire Le Saint Bernard de François DUBY. Si j’ai bien compris, l’auteur fait allusion à une époque où les abbayes, toutes puissantes , étaient des organisations capitalistes qui exploitaient les meilleures terres et n’hésitaient pas à chasser les paysans pour acquérir leurs terres les plus productives.
    D’autre part DUBY fait allusions aux nombreuses maîtresses et amants diverses qu’auraient eu les prélats en ces époques.
    J’aimerais bien acquérir des détails plus précis sur ces 2 points, aux quels DUBY ne fait que de discrètes allusions. Pourriez vous me conseiller pour parfaire ma documentation parfaitement « anticléricale ». Merci

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Sur le premier point (l’exploitation des terres), il faut surtout mettre en avant que les moines exploitaient moins les meilleures terres que celles qu’on voulait bien leur donner. Après, par leur richesse, ils pouvaient acheter d’autres terres plus intéressantes. Les Cisterciens ou les chartreux pouvaient aller jusqu’à déplacer la population pour parfaire leur idéal de retrait au désert : aucune habitation autour du monastère. Je ne pense qu’il existe un livre dédié à ce sujet mais vous trouverez quelques paragraphes intéressant dans ce chapitre sur l’économie cistercienne par Charles Higounet, dont une partie sur « Désert et dépopulation ». Philippe Racinet, dans son livre Moines et monastères en Occident, consacre un chapitre aux pratiques économiques (notamment foncière) des moines.

      Sur le 2e point, je doute qu’il y a un livre ou même un article sur le sujet. Les abbés étaient-ils les plus condamnables dans le domaine des moeurs ? Leur vie communautaire empêchait un total laissez-aller. Ce qui n’empêchait pas totalement les pratiques sexuelles. J’ai déjà raconté dans un post Facebook l’exemple d’une abbesse anglaise enceinte.

  8. Avatar de Yves Gille
    Yves Gille

    Peut-être serait-il utile de rappeler en préambule que les temples antiques n’étaient pas ouverts au publique mais réservés au clergé. Avec le christianisme, fondamentalement égalitaire (puis l’islam), les temples durent recevoir toute la population donc les linteaux de pierre ne permettant que des édifices étroits (ou avec de très nombreuses colonnes) ne convenaient plus d’où la nécessité de plus grandes portées obtenues soit par des charpentes, soit par des voutes.

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Point de vue intéressant. Même si je n’y adhère pas totalement… Pour construire une église large, propre à accueillir les fidèles, on peut se dispenser de voûte : en entrée, il suffit d’un arc, à la place d’un linteau, puis à l’intérieur, de plusieurs vaisseaux (ce qui correspond à l’architecture de la basilique romaine charpentée). Mais je suis d’accord sur le fait que, pour les grandes églises, le recours à la voûte permet des portées plus intéressantes.

      1. Avatar de Luca Paccioli
        Luca Paccioli

        « je suis d’accord sur le fait que, pour les grandes églises, le recours à la voûte permet des portées plus intéressantes » – en quoi la portée est-elle supérieure à celle de la charpente qui surplombe la voûte ? On pourrait en réalité très bien se passer de voûte si la vraie contrainte était purement mécanique. En Italie, de nombreuses églises romanes, constuites sur le modèle de la basilique, restent non voûtées.
        En vous souhaitant un excellent dimanche

        1. Avatar de Laurent Ridel
          Laurent Ridel

          La largeur d’une église charpentée, plus exactement, est dépendante de la longueur des arbres. Et même si on trouve des troncs suffisamment longs, la force de traction risque de les casser.
          Oui, des églises romanes en Italie sont charpentées mais elles n’ont pas la largeur des cathédrales françaises voûtées.

  9. Avatar de moreau
    moreau

    Bonjour Laurent,
    J’ai beaucoup admiré la voûte en palmiers de l’église des Jacobins, à Toulouse.
    Ne serait-elle pas un précurseur des voûtes en éventail des anglais, puisqu’elle date du 13ème siècle ?
    Elisabeth

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Le style gothique anglais est une importation et en partie une réinvention du gothique français. Donc on peut imaginer un lien. Mais ça reste difficile à démontrer. En plus, j’ai l’impression que la structure est différente même si l’aspect est ressemblant. Donc prudence.

  10. Avatar de Olivier DUFOURNIER
    Olivier DUFOURNIER

    Bravo pour cet exposé très complet et fort bien illustré.
    Quand on fait des recherches sur la question, on s’y perd, entre style roman et style gothique et leurs différentes variantes, sans parler des termes techniques dispersés dans le dictionnaire et qui sont ici rassemblés, présentés et illustrés dans leur contexte.
    Un grand merci.

  11. Avatar de Jouve
    Jouve

    Bonjour
    On peut rapprocher du style anglais , les Jacobins de Toulouse. Anne du Lot

  12. Avatar de Grandcolas
    Grandcolas

    Merci pour cet article. Son contenu devrait être enseigné dans les écoles, pas simplement pour l’aspect esthétique, mais surtout pour comprendre la physique tout simplement . Les contreforts… pourquoi par exemple ? Leurs différents types etc…
    Et la notion de voûte fait penser immédiatement à la notion d’arc.
    Et alors, est-ce qu’un arc surbaissé a des implication sur la voute pour continuer une nouvelle série de questions ?

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Je ne sais pas si le contenu de cet article un peu technique devrait être enseigné aux enfants. Ce sera déjà bien s’ils font une visite de l’église de leur ville ou village.

      Je ne conseillerai pas la voûte surbaissée. Elle génère davantage de poussée. Voir mon article sur les arcs.

  13. Avatar de marc morisset
    marc morisset

    Evocation basique et claire d’un élément d’architecture religieuse. Merci Laurent

  14. Avatar de joel briere
    joel briere

    A cet ensemble de dessins illustrant parfaitement l’évolution historique de l’architecture des « couvrements », on peut proposer:
    – une remarque concernant la coupole: le passage du plan carré au plan circulaire s’effectue selon 2 types de réalisations possibles: la coupole sur pendentif comme indiqué sur le dessin, mais aussi, et de manière plus répandue, du moins en Occident, la coupole sur trompes. Un dessin à ajouter ?
    – une suggestion: après l’exposé de la technique d’élévation des arcs et voûtes romans, réserver le même descriptif concernant le mode de construction des voûtes gothiques, pour lesquelles, semble-t-il, les ogives représentent le support essentiel (élevées sur cintres ?), les voutains ne représentant plus que du « remplissage ». Grand merci à Laurent pour une éventuelle précision sur ce point.

  15. Avatar de DENEUX François
    DENEUX François

    Comme vous nous en donnez l’habitude, travail notoire !
    1) J’ai entendu une hypothèse sur la pose de la CLE DE VOUTE, selon laquelle elles seraient posées EN PREMIERE et non pas en dernière pièce de l’assemblage.
    Quel est votre avis?
    2) Les voûtes ont, ce me semble, des cousines germaines: les COUPOLES, entièrement fermées ou ouvertes au sommet.
    Pourriez-vous nous « en dire plus long »?
    Encore félicitations et remerciements

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Merci François !
      1) Sur le chantier du château de Guédelon, les bâtisseurs ont finalement trouvé que poser la clé en premier facilitait le travail de montage de la voûte sur croisée d’ogives
      2) Les coupoles sont traitées dans l’article.

  16. Avatar de Katia Mangin
    Katia Mangin

    Bonjour Laurent et merci pour votre super travail!
    A l’occasion pourriez-vous expliquer la différence entre les coupoles sur trompes et sur pendentif? J’ai l’impression d’être demeurée mais je n’arrive toujours pas à comprendre, même en regardant des schémas, pour moi tout se ressemble! 🙂 Katia

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      C’est la grande question une fois qu’on s’intéresse aux coupoles. J’avais abordé le sujet dans une infolettre. Voici ce que je disais.

      La pose d’une coupole complique le travail des bâtisseurs. En effet, les plans des églises reposent en général sur des volumes carrés ou rectangulaires. Le défi consiste à installer la forme ronde des coupoles sur une base quadrangulaire. Pour raccorder ces parties dissemblables, les bâtisseurs ont utilisé deux solutions :

      – la coupole sur pendentifs. C’est la forme la plus élégante mais la plus difficile à construire. On superpose des niveaux de pierres de manière que à ce que la base quadrangulaire s’arrondisse progressivement et concorde avec la forme circulaire de la coupole.

      – la coupole sur trompes. Ici les bâtisseurs trichent. Aux angles, ils montent des arcs spéciaux appelés trompes. Ainsi, le plan de la base passe d’un quadrilatère à un octogone, une forme suffisamment proche du cercle pour y poser ensuite la coupole. Le raccord, certes imparfait, passe inaperçu si le visiteur n’y prête pas attention.

      Si vous craignez de confondre les deux systèmes, rappelez-vous que dans la coupole sur trompes, les bâtisseurs vous trompent.

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