Visiteurs d’églises, vous n’échapperez pas à ces trois termes d’architecture religieuse. Inévitablement les édifices religieux comportent un chœur et un chevet, souvent une ou des absides. Éclaircissons leur définition.
La compréhension des mots « chœur », « chevet » ou « abside » est utile pour se repérer ou décrire le plan ou les élévations d’une église. Malheureusement, beaucoup de panneaux d’informations ou de guides touristiques tiennent leur sens pour acquis chez les visiteurs.
Moi qui baigne dans ce vocabulaire depuis environ 20 ans, je croyais parfaitement maîtriser ces notions fondamentales. Pourtant, en me plongeant dans les dictionnaires et les livres spécialisés, mes certitudes ont vacillé : les auteurs ne sont pas d’accord sur leur définition. Je vais tout de même tenter de clarifier par des schémas simples.
Chœur architectural et chœur liturgique
Selon l’angle choisi, le mot « chœur » n’a pas la même définition. Beaucoup d’entre vous connaissent le premier sens : c’est une zone de l’église qui se trouve au-delà du transept (ou au-delà de la nef en cas d’absence de transept). En général, il correspond aux parties orientales de l’édifice. C’est la définition d’un chœur au sens architectural.
Note : si les mots transept et nef ne sont pas clairs pour vous, je vous renvoie de suite vers cet article sur le vocabulaire de base.
Dans un deuxième sens, le chœur renvoie à une fonction. C’est l’endroit où chantaient en chœur les membres du clergé. On l’appelle le chœur liturgique pour le différencier du chœur architectural.
Dans les petites églises, chœur liturgique et chœur architectural se recouvrent généralement. Ailleurs, la superposition n’est pas exacte pour deux raisons :
- le chœur liturgique peut occuper seulement une partie du chœur architectural. Par exemple, si des bas-côtés et un déambulatoire en font le tour.
- le chœur liturgique peut s’étendre jusque dans le transept, voire dans la nef, zone traditionnellement réservée aux fidèles. Allez voir par exemple la cathédrale de Reims.
Souvent, une clôture, à défaut des écriteaux, vous empêche d’y pénétrer.
Je vous parlais tout à l’heure de divergence entre les auteurs. Justement pour le chœur liturgique, il y en a une. Certains historiens de l’art refusent d’y intégrer le sanctuaire. Le sanctuaire ? Encore un mot à définir (à les enchaîner, vous allez croire que je n’ai pas de c(h)oeur à votre égard). Le sanctuaire est la partie où se trouve le maître autel, c’est-à-dire le plus fréquemment au fond de l’église, après avoir monté quelques marches. C’est la zone la plus sacrée de l’église. Autrefois, sur cet endroit surélevé, officiait le prêtre. De nos jours, il se tient plutôt au niveau de la croisée du transept.
Courage, on passe au 2e terme !
Le chevet
Là encore, les historiens de l’art ne sont pas d’accord. Vous allez sûrement apprécier la première version pour sa facilité. Selon l’historien de l’art Philippe Plagnieux, le chevet est synonyme de chœur architectural. Autrement dit, il désigne l’ensemble de la construction comprise au-delà de la nef ou du transept. Tout simplement.
À votre probable regret, j’avoue préférer l’autre définition, car employer deux mots pour qualifier la même chose me semble inutile.
Dans ce deuxième sens, le chevet correspond au chœur, mais vu de l’extérieur. Pour observer le chevet, il vous faut donc sortir du monument et vous vous placez côté est. Le chevet désigne alors l’ensemble des murs, fenêtres et toitures du chœur que vous voyez.
Je vous l’accorde : on est dans la nuance tant les deux définitions du chevet sont proches.
- Lire aussi : Les différents types d’arcs
Les absides
Dans leurs plans et leurs élévations, les chevets présentent différents aspects. Au plus simple, l’église se termine par des murs quadrangulaires. On parle alors de chevet plat. Forme que vous retrouvez sur les petits édifices chrétiens ou les églises des abbayes cisterciennes.
Néanmoins les bâtisseurs préfèrent compliquer leur plan. Ils arrondissent la ou les extrémités de l’église pour y loger souvent des chapelles. Selon la taille de l’arrondi, on parle d’abside ou d’absidioles. L’absidiole étant la petite sœur de l’abside. Dans les faits, le mot abside est employé pour l’un ou pour l’autre. Autrement dit, ne sortez pas votre décimètre pour distinguer une absidiole d’une abside.
Selon la disposition des absides et absidioles, se dessinent différents modèles de plan de chevet. Retenez les deux principaux (je vous ménage) :
- le chevet à chapelles échelonnées. Une ou plusieurs absidioles, tournées vers l’orient, sont disposées symétriquement de part et d’autre du chœur
- le chevet à chapelles rayonnantes. Sur la grande abside du chœur se greffent différentes chapelles en absidiole.
À ce moment de l’article, les mots et les expressions s’entrechoquent certainement dans votre crâne. Je vais achever (à-chevet ?) les plus courageux d’entre vous par une dernière précision. Ne m’en faites pas reproche : prenez-vous-en aux bâtisseurs et à leur imagination. Non contents de bâtir des absides semi-circulaires, ils ont tracé aussi des absides polygonales, dites à pans coupés. En d’autres termes, les absides ne sont pas toujours rondes ! Comme beaucoup le croient…
On récapitule :
- Le chœur architectural est la zone de l’église qui se trouve au-delà du transept (sinon de la nef)
- Le chœur liturgique est la partie qui était réservée au clergé
- Le chevet correspond au chœur architectural, pour les uns, au chœur architectural observé de l’extérieur pour les autres
- L’abside et l’absidiole sont les formes semi-circulaires ou polygonales aux extrémités de l’église.
Vous êtes parés pour décoder les guides de visite que vous trouverez mis à disposition dans les églises.
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