Une multitude de statues peuplent les églises. Savez-vous leur donner un nom ? Voici quelques astuces pour reconnaître 10 saints courants.
Identifier le Christ ou la Vierge Marie ne pose pas généralement de problème. Par contre, l’affaire se complique dès qu’il s’agit de saints comme Sébastien, Barbe, Laurent ou Antoine.
Face à une statue, une peinture ou un vitrail, vous disposez de 3 types d’indices pour démasquer l’individu représenté :
- Les vêtements. Ce qui vous permet par exemple de distinguer un évêque d’un soldat
- Les attributs. Autrement dit tout ce que le saint tient ou porte. Sans oublier les personnages ou animaux qui l’accompagnent.
- La scène. Certains saints sont en effet représentés dans un moment-clé de leur vie.
Démonstration avec les dix cas suivants.
Saint Jacques le Majeur, le pèlerin
Son équipement le montre prêt à partir en pèlerinage. Il porte un large chapeau qui le protège du soleil et de la pluie ; il tient un bâton de marche à bout rond (le bourdon). Enfin ses vêtements sont estampillés de la coquille Saint-Jacques. Un objet que les pèlerins rapportaient de Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne, là où au début du IXe siècle on découvrit miraculeusement sa tombe. La coquille servait de preuve du voyage.
Sainte Anne, la grand-mère du Christ
Dieu choisit Marie pour enfanter le Christ. À la jeune femme chargée d’une telle mission, il fallait des parents respectables. On inventa donc Anne et Joachim. Inventer est le terme exact, car nulle part la Bible ne fait référence à la mère et au père de la Vierge.
Selon des évangiles non officiels, le couple fut longtemps stérile. Marie naquit quand Anne était assez âgée. Les artistes ne manquent pas de rappeler ce détail en lui prêtant certains traits de la vieillesse.
Deux scènes ont leur faveur :
- Quand Anne apprend la lecture à sa fille.
- Quand Anne porte Marie bébé. Dans ce cas, faites attention à ne pas confondre le duo avec une Vierge à l’enfant.
Saint Antoine de Padoue, un succès sur le tard
Mort en 1231, Antoine de Padoue est devenu un saint très populaire qu’à partir du XVIe siècle. Il est aujourd’hui invoqué pour retrouver tant les objets perdus que la santé. Bien rare de trouver une église dépourvue de sa statue : il est figuré en religieux, portant l’Enfant Jésus.
Ses habits et sa tonsure le feraient passer pour un moine. Pas exactement. Notez la corde autour de sa taille. Saint Antoine était un cordelier, autrement dit un franciscain. Comme ses compagnons, il se consacrait à la prédication tout en vivant d’aumône. Ses sermons étaient si passionnants qu’à son arrivée en ville, les commerces fermaient tandis que clients, patrons et ouvriers allaient l’écouter. La légende raconte qu’il réussit un jour à capter l’attention des poissons !
Ces talents sont largement oubliés aujourd’hui. Depuis le XVIIe siècle, les artistes préfèrent faire référence à un autre épisode de sa vie, quand dans une vision, lui apparurent la Vierge et son enfant. Voici pourquoi les statues de saint Antoine le montrent avec le petit Jésus.
Saint Martin, le saint le plus populaire du Moyen Âge
Ce saint ne vous échappe généralement pas. La scène où il découpe son manteau pour l’offrir à un pauvre est célèbre. Cette illustration de la charité chrétienne frappe les esprits. Mais combien d’entre vous connaissent la suite de l’histoire ?
Lorsqu’il fait son geste, Martin a une quinzaine d’années ; c’est un soldat romain tenté par le christianisme. Le lendemain, le Christ lui apparaît en rêve, revêtu du manteau offert. Cette vision l’incite à se faire baptiser. Martin quitte l’armée puis est élu évêque de Tours. Missionnaire infatigable, il contribue à convertir la population de la Gaule.
En France, plus de 250 communes portent le nom de Saint-Martin et environ une église paroissiale sur 10 lui est dédiée. Preuve de son immense popularité.
Sainte Barbe, jamais sans sa tour.
Son père l’enferma, dit la légende, dans une tour, pour la soustraire aux mauvaises influences de l’extérieur, à savoir les hommes et les chrétiens.
Ce qui n’empêcha pas sa conversion. Très très fâché, le père fit subir à sa fille une série de supplices qui défient l’imagination. On la fouette de verges, on déchire son corps avec des peignes de fer, on l’allonge sur un lit de tessons de poterie tranchants. On marque sa peau avec des lames rougies au feu. Malgré ces atrocités, elle survit. Il faut que son père la décapite pour lui faire rendre l’âme. Geste aussitôt puni par Dieu qui foudroie sur place le bourreau.
Ce lien avec la foudre explique probablement pourquoi sainte Barbe (Barbara en latin) est aujourd’hui la patronne des pompiers.
D’autres représentations de femmes sont à voir sur ce vitrail.
Saint Nicolas, vraiment l’ami des enfants ?
Saint Nicolas se devine au groupe d’enfants installés à ses pieds dans une sorte de baquet. Cette caractéristique rappelle un épisode de la vie du saint digne d’un film d’horreur.
Trois enfants frappent à la porte d’un aubergiste (ou d’un boucher) pour demander asile. Le commerçant leur offre une chambre. Cependant, la nuit venue, il tue les enfants endormis, les découpe en morceaux et les met au saloir comme de la viande de porc. C’est à ce moment que saint Nicolas intervient : à la manière de legos, il reconstitue le corps des enfants et les ramène à la vie.
Le problème, c’est que les plus anciennes vies de saint Nicolas ne racontent pas du tout cet épisode. Elles nous parlent plutôt de trois soldats enfermés en prison, condamnés à mort, mais sauvés par l’intervention de Nicolas auprès de l’empereur Constantin. Et c’est probablement ce que les artistes représentaient à l’origine : trois soldats enfermés dans une tour. Personnage principal, saint Nicolas était représenté beaucoup plus grand qu’eux. À cause de cette disproportion typique des images médiévales, certains ont cru voir dans les soldats des enfants et dans la tour, un baquet ou un saloir. D’où la création de la légende de l’aubergiste…
Saint Roch, le pestiféré
Le Montpelliérain saint Roch se reconnaît à ce geste particulier : il relève son vêtement pour montrer sur sa cuisse une incision, marque de la peste. En réalité, cette maladie contagieuse et souvent mortelle se signale plutôt par des bubons, des gonflements ganglionnaires noirâtres.
Aux côtés de Roch, se tient habituellement un chien : selon la légende, chaque jour l’animal apportait au saint caché dans la forêt, un pain volé à la table de son maître.
Dans les temps de peste, aux XVe et XVIe siècles, les chrétiens se tournaient principalement vers les statues de saint Roch pour se protéger ou guérir de l’épidémie.
Saint Sébastien, le hérisson
Comme Martin, Sébastien est un soldat romain. L’empereur Dioclétien l’arrête, car il multiplie les miracles et encourage les martyrs. On l’attache à un poteau et deux archers le visent : « les soldats lui lancèrent tant de flèches qu’il fut tout couvert de pointes comme un hérisson » nous raconte la Légende dorée, ouvrage composé au XIIIe siècle sur la vie des saints.
On comprend la surprise de l’empereur quand quelques jours plus tard, il croise dans l’escalier de son palais un Sébastien tout fringant : « Le seigneur a daigné me rappeler à la vie afin qu’une fois encore je vienne à vous et vous reproche le mal que vous faites aux serviteurs du Christ ». Dioclétien goûte peu la plaisanterie. Il fait frapper de verges l’effronté puis disparaître son corps dans le grand égout de Rome.
Saint Michel, un ange au sommet
Saint Michel appartient au groupe des archanges. Ces anges sont chargés de défendre le ciel et la Terre contre les démons. À Michel, revient la tâche d’abattre le dragon de l’apocalypse. Cette position céleste explique pourquoi les églises dédiées à saint Michel couronnent les collines (prenez le célèbre Mont-Saint-Michel). Pour la même raison, vous trouvez parfois sa statue au sommet des toits.
Michel ne manie pas seulement l’épée ; il joue également de la balance. Sur les scènes du Jugement dernier, vous le voyez en train de peser les âmes.
Ne le confondez pas avec saint Georges, lui aussi figuré en chevalier terrassant le dragon. Pour ne pas tomber dans le piège, rappelez-vous que saint Michel porte des ailes, avantage que ne peut pas revendiquer le trop humain Georges.
Saint Laurent, un dur à cuire
Je ne pouvais pas terminer cette liste sans évoquer mon saint. Lui aussi paya son christianisme par le martyre. Les Romains lui réservèrent un supplice original : on allongea Laurent sur un lit de fer sous lequel les soldats mirent des charbons ardents. Ce barbecue improvisé n’arracha pas un cri à la victime. Bien au contraire Laurent répliqua témérairement au bourreau : « eh bien, tu m’as suffisamment rôti d’un côté, retourne-moi de l’autre côté, après quoi je serai à point ! ».
Ça ne surprendra personne que Laurent soit aujourd’hui le patron des rôtisseurs et des cuisiniers.
Ne perdez pas de temps. Engouffrez-vous dans une église et exercez-vous sur les statues, les peintures et les vitraux. Je ne doute pas que vous rencontrerez un de ces superhéros du christianisme.
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