Je vous emmène dans le quart sud-ouest de la France. Au programme, 10 cathédrales dont la plus déconcertante (Toulouse), la plus originale (Albi) et une intruse.
Cet article s’inscrit dans la série consacrée à mon défi touristique : visiter toutes les cathédrales de France, soit environ 170 monuments. J’ai commencé mon tour du pays en 2018. Vous pouvez lire mes premières impressions ici.
Rodez, une cathédrale réussie
On a beau se trouver dans le Midi, la cathédrale de Rodez ressemble aux cathédrales gothiques du nord de la France.
Preuve que le style gothique, né au cœur du Bassin parisien, a réussi à franchir la barrière du Massif central dans le dernier quart du XIIIe siècle. Et de belle manière.
Bâti en grès rose, ce monument mérite une visite non seulement pour son architecture, mais aussi pour les nombreuses œuvres d’art jalonnant le parcours dans l’église : les vitraux bizarres posés en 2010, les peintures murales, les sculptures espiègles, une mise au tombeau, un orgue démesuré…
Une bonne surprise.
Albi, la cathédrale la plus originale
Albi cache bien son jeu. D’extérieur, l’édifice religieux ressemble à une forteresse de brique. Les murs, peu percés et élevés, semblent construits pour décourager un assaut. Cette apparence sévère ne laisse pas soupçonner la luxuriance de la décoration intérieure.
Les murs autant que les voûtes sont recouverts de peintures. Leur superficie surpasse la chapelle Sixtine où Michel-Ange travaille à peu près à la même période. Les sculptures monumentales et les statues sont finement travaillées.
Chez moi, cette profusion d’ornements a provoqué un haut-le-corps. C’est trop à mon goût.
Albi a la particularité de comporter deux chœurs à chaque extrémité de l’église. Celui de l’est a conservé sa disposition médiévale : une clôture de pierre, dont un jubé, abritait les chanoines de l’agitation de la foule.
Lavaur, la touche italienne
Avec ses briques et sa tour de façade, la cathédrale de Lavaur fait figure de petite sœur d’Albi, distante de seulement 50 km.
Dans les années 1840, l’intérieur est totalement repeint par un atelier d’artistes italiens, les Céroni. Habituellement les peintres du XIXe siècle me font penser à des enfants à qui on a donné des feutres de couleur : le résultat est bariolé.
À Lavaur, ce n’est pas du tout le cas. Le décor, peint en trompe-l’œil, simule des statues, une balustrade et des arcs de pierre. Une réussite !
La cathédrale de Lombez, l’une des plus petites de France
Comment expliquer qu’un bourg de 2000 h seulement accueille une cathédrale ? Lombez, commune du département du Gers, doit cette faveur au pape Jean XXII. En 1317, ce pontife français décida de fragmenter le diocèse de Toulouse en 8 morceaux. Lombez fut mise à la tête d’un de ces lambeaux. L’abbaye locale fut promue cathédrale !
- Lire aussi : les 20 plus petites cathédrales de France
Outre les dimensions réduites du monument, je retiendrais de ma visite son organiste déchaîné. Se croyant peut-être seul dans l’église, le musicien s’est pris pour Gilbert Montagné en s’en donnant à cœur joie sur les touches du clavier. Il s’est interrompu quand son téléphone a sonné. Il a décroché et commencé une conversation que j’ai été contraint de suivre tant sa voix était aussi forte que sa musique. J’eus alors la nostalgie du silence. Bref, attention : Lombez est une cathédrale potentiellement bruyante !
Auch, une richesse cachée
Prenez la façade de Notre-Dame de Paris, rhabillez-la en style Renaissance et classique et voici Auch. La comparaison est exagérée, mais vous retrouverez la même composition équilibrée.
Le principal intérêt de cette belle et grande église réside dans son chœur clos : il abrite un ensemble de 113 stalles enrichies de 1500 statues, statuettes, figures et figurines.
Toulouse, la cathédrale la plus déconcertante
À Toulouse, les touristes se dirigent naturellement vers la basilique de Saint-Sernin, la plus grande église romane de France et étape incontournable sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle. Ils ont tendance à oublier que la ville rose abrite aussi une cathédrale, qui plus est, siège d’un archevêché.
Autant vous prévenir, le monument n’est pas à la hauteur de son statut et de l’importance de la cité. Moitié en brique, moitié en pierre, la cathédrale est l’assemblage en quinconce d’une vaste nef à l’abandon et d’un chœur mal proportionné.
Les archevêques de Toulouse avaient sûrement des plans ambitieux pour leur église, mais ils n’ont pas réussi à l’achever et à l’unifier. Dommage.
Rieux-Volvestre, la cathédrale mystère
Je pourrais vous vanter son maître-autel en marbre polychrome, son grand retable de la Vierge ou sa statue de Vierge à l’Enfant du XVe siècle. Mais je préfère être honnête : je n’en ai rien vu. Quand je suis arrivé en fin de journée devant cette cathédrale, les portes étaient closes.
Sinon, d’extérieur, Rieux-Volvestre vous permet de réviser le portrait-type des grandes églises du Midi Toulousain : de la brique, de gros contreforts et une tour octogonale.
À l’horizon, j’apercevais les cimes enneigées des Pyrénées qui semblaient me dire : « tu es assez descendu au bas de la France ; il était temps de remonter ». Obéissant, j’ai fait demi-tour 😊
Saintes, la cathédrale à bout de souffle
Sur la route du retour, j’ai fait étape à Saintes, en Charente-Maritime.
Commencée dans l’enthousiasme au XVe siècle, la construction de sa cathédrale est devenue un fardeau deux siècles plus tard. Entre temps, la générosité des fidèles et la richesse du diocèse s’étaient étiolées et les guerres de Religion l’avaient sérieusement endommagée. La grosse tour de façade ne reçut jamais sa flèche. On acheva les parties hautes du chœur au rabais. Saintes n’a pas l’élan vertical d’une cathédrale gothique.
Poitiers, la cathédrale des Plantagenêts
Comme à Rieux-Volvestre, je suis arrivé devant cette cathédrale Saint-Pierre en fin de journée. Sauf que cette fois, la porte a bien voulu s’ouvrir. L’intérieur donne un sentiment d’espace, car, à la différence de la plupart des grandes églises, nef et bas-côtés s’élèvent à peu près jusqu’à la même hauteur de voûte.
C’est une grosse cathédrale gothique qui n’a pas à rougir face à Reims, Bourges ou Notre-Dame de Paris. Elle s’autorise même le luxe de se dispenser d’arcs-boutants.
La cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Troyes, l’autre temple du vitrail
Voici l’intruse de cette liste : nous sortons du sud-ouest de la France pour passer directement en Champagne. À l’approche de la ville de Troyes, les panneaux annoncent que nous allons entrer dans la capitale du vitrail.
La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul fait honneur à cette réputation. Imaginez une route 2X2 voies. Sur 100 mètres, le bitume serait entièrement couvert de vitraux. Vous avez ainsi une idée de la surface totale des verrières dans la cathédrale, soit 1500 m². Un chiffre qui, cependant, ne fera pas trembler les reines incontestées du vitrail : Chartres (2600 m²) et surtout Metz (6500 m²).
En comptabilisant Troyes, je suis donc arrivé à 20 cathédrales visitées depuis 2018. Amiens reste ma préférée. Et vous ?
Laisser un commentaire