Depuis le Moyen Âge, des labyrinthes sont figurés dans les cathédrales de Chartres, d’Amiens et d’autres églises. Leur signification reste mystérieuse. Comment ce motif, d’origine païenne, a-t-il été accepté par l’Église ?
Appelé aussi dédale ou chemin de Jérusalem, le labyrinthe est une figure géométrique complexe, conçue pour désorienter celui qui y pénètre. Bien qu’il trouve ses racines dans la mythologie grecque, le christianisme s’est approprié ce motif, lui conférant de nouvelles significations.
En Europe, on dénombre une vingtaine de ces structures dans les églises, principalement en Italie, en France et dans les pays nordiques. Ce chiffre est probablement sous-estimé, une portion significative ayant probablement disparu au fil du temps.
Carrés, circulaires ou octogonaux, les labyrinthes se différencient aussi par leur support : ils peuvent être intégrés dans le pavage, peints sur les voûtes, sculptés ou même composés de mosaïques.
Leur signification fait l’objet de débats passionnés parmi les spécialistes. Je vous propose de parcourir cinq des interprétations les plus courantes, en y apportant ma propre analyse critique. Vous découvrirez que certaines des théories souvent répétées sur l’usage et la signification des labyrinthes manquent de preuves.
Aux origines antiques du labyrinthe
Je croyais chercher l’origine du labyrinthe dans la mythologie grecque. En réalité, l’historien grec Hérodote décrit un premier labyrinthe en Égypte. Les archéologues l’ont même retrouvé. Il s’agissait d’un bâtiment construit au XIIIe siècle avant J.-C., par le pharaon Amenemhat III. Son architecture consistait en une multitude de cours intérieures, de couloirs et de salles, au-dessus d’un niveau souterrain servant de tombeau. De quoi déjà s’y perdre.
Cependant, chez vous comme chez moi, le labyrinthe évoque surtout le mythe de Thésée et du Minotaure.
Vous vous souvenez sûrement de cette légende grecque. Le roi Minos de Crète fait construire un labyrinthe pour y enfermer le Minotaure, un monstre engendré par sa femme. Tous les neuf ans, le roi sacrifie un groupe de jeunes hommes et de vierges athéniens, qui sont envoyés dans le labyrinthe et invariablement dévorés par la bête. Ce cycle sanglant est finalement brisé par le héros de l’histoire : Thésée. Il réussit à tuer le Minotaure et à s’échapper du labyrinthe grâce au fil d’Ariane, une pelote de laine qu’il a déroulée depuis l’entrée du labyrinthe.
Ce mythe connaît une incroyable fortune dans l’Antiquité. Les œuvres classiques romaines comme l’Énéide de Virgile et les Métamorphoses d’Ovide le reprennent. Dans les villas et les bains de l’Empire romain, les sols se recouvrent parfois de mosaïques sur ce sujet.
En revanche, aucun labyrinthe ne décore un temple ou un quelconque lieu du paganisme. Les chrétiens ont une autre vision…
Un recyclage par le christianisme
Au cours de son expansion, le christianisme intègre le motif du labyrinthe et lui confère une signification plus profonde, cosmique et religieuse. Tout comme le zodiaque, le labyrinthe dans les églises est une réinterprétation d’un thème antique, transformé pour se conformer à une perspective chrétienne.
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La première instance de cette adoption apparaît très tôt, peu après la légalisation du christianisme par l’Empire romain. On la trouve dans un pays inattendu : l’Algérie. Mais au IVe siècle, l’Algérie faisait partie de la province romaine d’Afrique ; c’était une région en voie de christianisation et non islamisée. En 324, l’église Sainte-Réparate d’El-Asnam accueille en effet une mosaïque représentant un labyrinthe de forme carrée. En son centre, sont inscrits les mots « Sancta Eclesia ». Le chemin tortueux ne mène plus au combat du Minotaure contre Thésée, mais à la Sainte Église.
Cependant, malgré cet exemple précoce, on ne trouve plus aucune autre occurrence de labyrinthe dans les églises pendant près de 800 ans. Cela ne signifie pas l’oubli du concept. Au contraire, le labyrinthe survit dans les manuscrits médiévaux. Des moines et intellectuels y mentionnent le mythe de Thésée et du Minotaure. Des enlumineurs peignent parfois des labyrinthes.
Au XIIe siècle, les dédales entrent à nouveau dans les églises. Le phénomène s’observe principalement en France et en Italie. Les cathédrales d’Amiens, de Reims et de Chartres inscrivent le leur dans des pavages bicolores.
Significations et usages des labyrinthes
Qu’est-ce qui motive l’Église à insérer des labyrinthes à l’intérieur des lieux de culte ? Les historiens, les archéologues, les historiens de l’art, les amateurs de symboles, les passionnés d’ésotérisme, tous se sont emparés de la question sans se rallier à une explication commune.
Selon les lieux, le labyrinthe revêt, semble-t-il, des significations et usages différents. Certains sont monumentaux ; d’autres sont inférieurs à un mètre de diamètre. Certains intègrent des figures ; d’autres se contentent de montrer la géométrie parfaite de leur dessin compliqué.
Auteur du livre The Maze and The Warrior (Le Labyrinthe et le guerrier), le musicologue Craig Wight (oui, même les musicologues s’y intéressent), tente toutefois une synthèse : dans tous les cas, le labyrinthe symbolise un défi qu’un homme — Thésée, le Christ, le pèlerin — relève en son centre et en sort victorieux.
Voici 5 hypothèses, plus ou moins solides, qui permettent de comprendre les labyrinthes.
Hypothèse 1 : la signature des bâtisseurs
Le labyrinthe correspond à une signature des architectes et des commanditaires de la cathédrale. La figuration de ces personnages à l’intérieur des labyrinthes d’Amiens et de Reims (détruit) conduit vers cette hypothèse.
Les bâtisseurs se voyaient comme les héritiers de Dédale, l’architecte grec du labyrinthe de Cnossos. À leurs yeux, la construction d’une cathédrale était comparable à la conception d’un labyrinthe. Dans les deux situations, la maîtrise de la géométrie est requise.
Un tel motif glorifiait les créateurs de ces grandes églises et rendait aussi hommage à la science de l’architecture et de la géométrie.
Mon avis : je suis favorable à cette interprétation. La localisation fréquente de ces labyrinthes dans la nef et non dans le chœur, espace des clercs, invite à donner un sens plus laïque que religieux à ces motifs. Mais l’explication ne fonctionne peut-être pas pour tous.
Hypothèse 2 : le symbole d’un monde dévoré par le péché
Dans certains labyrinthes de papier et de pierre, le centre est occupé par le Minotaure tué. Même dans un contexte chrétien, la légende grecque n’est donc pas occultée. Mais il faut la lire selon une symbolique chrétienne.
Par sa forme ronde, le labyrinthe représente le monde. Comme l’illustrent ses méandres, les tentations qui dévient le chrétien du salut y sont nombreuses. Au centre, le Minotaure est une sorte de Satan qui dévore les pécheurs. Le caractère mauvais de ce monde est renforcé par le nombre de lacets, souvent 11. Or ce chiffre, depuis saint Augustin d’Hippone, est associé à l’imperfection. Il dissone avec le 12, chiffre idéal d’un groupe (pensez aux apôtres, au zodiaque ou aux mois).
Heureusement, le Christ, nouveau Thésée, peut sauver les hommes qui évoluent dans ce labyrinthe. Il est descendu sur Terre racheter les péchés de l’humanité et sa résurrection est une victoire sur la mort, en écho de celle du héros grec sur le Minotaure.
Mon avis : le symbolisme chrétien se fonde souvent sur des analogies, surtout quand il s’agit de recycler un thème païen. Donc, là aussi, l’explication me séduit. Elle entre en résonance avec l’hypothèse 5.
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Hypothèse 3 : Un chemin de Jérusalem
En 1187, les chrétiens doivent abandonner Jérusalem aux musulmans qu’ils avaient reconquis à l’issue de la Première croisade. Les pèlerins ne peuvent plus se rendre dans la ville sainte et suivre les étapes géographiques de la Passion du Christ.
Selon l’historien Daniel K. Connolly, l’idée germe à Chartres de créer un substitut à ce pèlerinage perdu. Il prend la forme d’un labyrinthe établi dans la nef de la cathédrale. Les fidèles le parcourent à genoux en mémoire du trajet douloureux du Christ que subit le Christ de la maison de Ponce Pilate jusqu’au lieu de sa crucifixion. L’effort n’est pas négligeable puisque le parcours, aussi sinueux qu’une route de montagne, fait 261 m.
À Reims aussi, la pratique semble établie puisque le labyrinthe est qualifié de « chemin de Jérusalem ». À Amiens, l’historien de l’art Philippe Plagnieux explique : « parcouru à genoux pendant les grandes fêtes, il pouvait être le support de pratiques pénitentielles ».
Mon avis : Je me range à l’analyse de Patrick Demouy, autre historien de l’art et grand connaisseur de la cathédrale de Reims : « Ce n’est qu’à la fin de son existence, au XVIIIe siècle, que le labyrinthe de Reims, par exemple, est qualifié de chemin de Jérusalem. Et c’est surtout au XIXe siècle que s’est répandue l’idée de pieux fidèles parcourant le chemin à genoux ». Même constat à Chartres où le guide-conférencier Gilles Fresson constate qu’aucun texte ancien, antérieur au XVIIIe siècle, n’appuie cette thèse d’une dévotion pénitentielle et individuelle sur ces labyrinthes.
Enfin, la petitesse de certains labyrinthes, notamment en Italie, empêche ce genre de pratique. On ne s’abimait pas les genoux dessus.
Hypothèse 4 : Un chemin initiatique vers le salut
Selon ce point de vue, le labyrinthe chrétien symbolise le parcours de l’existence. « Le fidèle hésite, avance, revient en arrière, se perd pour enfin trouver le chemin », explique le professeur Michel Feuillet. L’historien de l’art Philippe Plagnieux renchérit : « il symbolise la complexité du chemin vers le salut, mais nulle bifurcation ne piège le pèlerin ». L’issue est inéluctable. Le centre serait la Jérusalem céleste promise à tous les élus.
Mon avis : Je suis réservé sur cette explication. Oui, le chemin est tortueux et long, mais, regardez bien les labyrinthes chrétiens, ils ne conduisent nullement vers des impasses, ils ne proposent pas de fausses pistes. Autrement dit, le fidèle n’a aucune chance de s’égarer. Est-ce une métaphore de la vie ?
Hypothèse 5 : le support d’un rituel à Pâques
À Auxerre, lors de la fête de Pâques, les chanoines se livraient à une drôle de chorégraphie : autour du labyrinthe de la cathédrale, ils formaient une ronde et chantaient. À l’intérieur du cercle, leur chef, le doyen, parcourait le labyrinthe selon un pas rythmé et jetait un petit ballon jaune — une pelota — à un chanoine.
La scène peut sembler surréaliste, mais elle est décrite dans un texte liturgique de l’an 1396. Les historiens découvrent des danses ou des jeux de ballon pratiqués par le clergé dans les églises. Preuve que l’Eglise pouvait les accepter dans un certain cadre.
Que signifie cette drôle de chorégraphie dans la cathédrale d’Auxerre ? Le guide-conférencier de Chartres Gilles Fresson l’interprète ainsi :
« le Christ (Thésée) traverse les enfers (le labyrinthe) et affronte Satan (le Minotaure). Triomphant ainsi des puissances de la mort, il offre sa lumière (jaune) à tous ceux qui l’ont attendu : soit un chemin sûr (le déroulement de la pelote) vers la vie éternelle ».
À Reims, un récit décrit un autre rituel qui intégrait le labyrinthe ; les clercs formaient une ligne de la grande porte à l’entrée du chœur ; le labyrinthe se trouvait sur le parcours. Les clercs chantaient la sortie d’Égypte par les Hébreux et la Résurrection.
Le labyrinthe convient parfaitement à la symbolisation de ces deux épisodes forts de l’histoire biblique : son chemin enlacé équivaut à la longue route de l’exode des Hébreux sous la conduite de Moïse pendant que le combat gagnant de Thésée rappelle la victoire du Christ sur la mort, soit la Résurrection.
Mon avis : en tant qu’historien, je suis sensible à cet argument appuyé sur des textes d’époque. L’usage de certains labyrinthes comme support de rituel ne fait donc aucun doute. L’historien américain Daniel K. Connolly prévient cependant que ces preuves écrites sont tardives. À l’origine, les labyrinthes avaient peut-être une autre fonction. L’université Loyola de Chicago le suggère : « il est curieux que de si grands objets [les labyrinthes] ne servent qu’une fois par an ». Zut, moi qui rêvais d’avoir découvert l’explication unique.
Le labyrinthe dérange puis fascine
La mode des labyrinthes s’essouffle assez vite, dès la fin du Moyen Âge. Puis leur sens se perd. D’où nos difficultés à les comprendre aujourd’hui.
À partir du XVIIIe siècle, des églises réaménagent leur sol, retirant les pierres tombales et les pavages de labyrinthes. Les chanoines, dérangés par les distractions provoquées par ceux qui en parcourent les lacets, accélèrent les opérations. Des fidèles, notamment des enfants, s’amusent en effet à tourner et à courir sur les lignes du labyrinthe pendant les cérémonies religieuses.
En 1778, à Reims, le chanoine Jacquemart est prêt à débourser 1000 livres pour qu’on enlève le labyrinthe de la cathédrale. Ce sera chose faite.
Incompris, les labyrinthes disparaissent…
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Mais très vite ils renaissent. Le labyrinthe de la cathédrale d’Amiens, retiré en 1825, est recomposé soixante-dix ans plus tard. Les cathédrales de Saint-Omer et d’Évry, la basilique Notre-Dame de Guingamp s’en dotent.
Ce motif vieux de plus de 2000 ans, retrouve du sens : il décore géométriquement le sol ; il devient métaphore de l’itinéraire spirituel, un chemin de vie au cours duquel le chrétien médite pour arriver à l’éveil.
En même temps, la France républicaine trouve encore matière à le recycler. Depuis 1985, le ministère de la Culture s’en sert en effet de logo pour les Monuments historiques. Les pancartes touristiques l’incorporent. Résultat, on n’a jamais vu autant de labyrinthes. Quel destin pour la prison du Minotaure !
Où trouver des labyrinthes ?
Les labyrinthes ne se limitent pas à la France. On en recense en Italie et dans quelques pays européens.
Les labyrinthes français
Ils se concentrent dans la moitié nord de la France. On peut même être plus précis : à l’exception de quelques cas, ils se rassemblent dans les archidiocèses de Sens et de Reims. Cette répartition a sûrement une signification. A mon avis, les cathédrales d’Amiens, de Chartres voire d’Auxerre, toutes sises dans ces vastes circonscriptions, ont lancé une mode que les cathédrales et églises voisines ont copiée.
Les labyrinthes français se distinguent par leur grande taille (un diamètre autour de 10 m) et par leur forme (un damier de pavés blancs et sombres).
– Cathédrale de Chartres. Édifié entre 1205 et 1210, il est sûrement le plus connu au monde. De forme circulaire, il se divise en quartiers, ébauchant la forme d’une croix. Ses dimensions sont exceptionnelles : dans ce cercle de 13 m de diamètre serpente un parcours de 261 m de long. Le site web de la cathédrale de Chartres prévient les visiteurs prêts à suivre ses lacets : il est interdit de marcher pieds nus et de s’arrêter.
– Cathédrale de Reims. Le labyrinthe, créé au XIIIe siècle et détruit en 1779, était composé de pierres noires incrustées dans le dallage du sol. Heureusement, son dessin est connu par un relevé au XVIe siècle qui montre une forme octogonale, complétée de bastions aux angles. À l’intérieur de ces bastions se trouvaient les figures des 4 architectes. L’octogone rappellerait la forme des fonts baptismaux, fonts dans lesquels Clovis fut baptisé.
– Cathédrale d’Amiens. Comme à Reims, il fut créé au XIIIe siècle puis détruit (en 1825). On le regretta. De la réfection du dallage au XIXe siècle, on profita pour le récréer. Les 3 premiers architectes Robert de Luzarches, Thomas de Cormont et Renaud de Cormont et l’évêque fondateur, Evrard de Fouilloy, occupent la pierre centrale, conformément à la disposition d’origine.
– Basilique de Saint-Quentin (Aisne). Son labyrinthe est posé vers 1495 dans la nef. Il est copié sur l’octogone d’Amiens. Manquent cependant les personnages.
– Cathédrale de Bayeux (Calvados). De dimension modeste, il se distingue par sa localisation dans la salle du chapitre (salle de réunion des chanoines). Il ne servait donc sûrement pas pour les pèlerins.
– Eglise Saint-Pierre de Genainville (Val-d’Oise). Une dalle en pierre, datée du XIIIe siècle, est gravée d’un labyrinthe qui ressemble à celui de Reims, en taille réduite.
– Abbatiale de Saint-Bertin à Saint-Omer (Pas-de-Calais). De forme carrée, il occupait le transept sud depuis sa création probablement au XIVe siècle. Le parcours dessine une petite croix. Il est détruit, mais une copie en dallage est visible dans le chœur de la cathédrale de Saint-Omer depuis le XIXe siècle.
– Cathédrale d’Arras. Localisé dans la nef, ce labyrinthe ressemblait à l’octogone d’Amiens. Il est détruit autour de la Révolution.
– Cathédrale d’Auxerre. Il a disparu lors du changement du sol en 1690.
– Cathédrale de Sens. Labyrinthe supposé de type chartrain, disparu au XVIIIe siècle
– Cathédrale de Poitiers. Mal daté, ce graffiti dessiné sur un mur ressemble à un arbre. Est-ce vraiment un labyrinthe ?
– Cathédrale de Mirepoix. Au-dessus du porche septentrional est aménagée une tribune à usage de chapelle épiscopale. Cette chapelle de la première moitié du XVIe siècle est tapissée d’un carrelage en faïence. Sur un groupe de 4 carreaux, figure un labyrinthe dont le Minotaure occupe le cœur.
– Basilique de Guingamp. Son labyrinthe circulaire est créé au XIXe siècle dans une chapelle. La pierre centrale est marquée des lettres « AVE MARIA ».
– Église Sainte-Foy-de-Sélestat (Bas-Rhin). En 1892, on décora le sol de pavements de mosaïque représentant un labyrinthe octogonal, les 4 fleuves du paradis et le zodiaque.
– Eglise Sainte-Jehanne du Passage d’Agen (Lot-et-Garonne). Dans cette église moderne (années 1960), l’évêque a voulu faire figurer un labyrinthe à l’entrée de la nef. Il est circulaire et carrelé.
– Cathédrale d’Évry. C’est un labyrinthe moderne.
Les labyrinthes italiens
À la différence des cas français, ils sont petits. Composés de marbres ou de mosaïques, ils mettent plus en avant Thésée et le Minotaure.
– Cathédrale de Lucques. On le qualifie de « labyrinthe digital », car sa petite taille et sa position verticale obligent à le parcourir avec les doigts. Une inscription en latin dit : « C’est le labyrinthe que bâtit le crétois Dédale, duquel personne, une fois entré, ne put sortir excepté Thésée, aidé du fil d’Ariane ». Le sens païen est donc mis en avant.
– Basilique San Michele Maggiore à Pavie. Ce labyrinthe du XIIe siècle en mosaïque figurait Thésée et le Minotaure. Sur le côté, Goliath et David faisaient pendant. De style chartrain, il fait 3,3 m de diamètre. Installé dans le chœur, il est amputé. On ne voit même plus son centre. Un dessin du XVIe siècle existe heureusement.
– Abbatiale Saint-Pierre de Pontremoli. Ce labyrinthe en bas-relief ne se trouve plus à son emplacement d’origine. Une inscription curieuse en latin « Cours pour gagner » ferait allusion à un verset de la lettre de saint Paul aux Corinthiens.
– Basilique Saint-Vital de Ravenne. Peut-être installé tardivement, dans les années 1538-1539, il reproduit un labyrinthe plus ancien. Il est relié à une autre mosaïque, l’Agneau mystique. Le labyrinthe serait alors les limbes dans lesquels le Christ serait descendu pour libérer les âmes.
– Eglise Saint-Savin de Plaisance. Consacré en 1107, ce labyrinthe aujourd’hui détruit ressemblait à celui de Pavie. Dommage il était peut-être le plus ancien du monde chrétien européen.
– Église Santa-Maria in Aquiro, Rome. Labyrinthe en marbre, détruit lors des rénovations du XIXe siècle.
– Église Santa-Maria in Trastevere, Rome. Son identification comme labyrinthe est débattue.
Les autres labyrinthes en Europe
- Église Saint-Séverin de Cologne (Allemagne), XIe siècle ou XIIIe siècle, détruit en 1840 lors d’un réaménagement intérieur. Sa pierre centrale, conservée au musée, figure Thésée tuant le Minotaure
- Basilique Notre-Dame de Hanswijk (Belgique). Labyrinthe carré, en dallage, daté probablement du XIXe siècle.
- Église Saint-Nicolas d’Itero de la Vega (Espagne). Dans le mur de cette église romane, est encastrée une pierre décorée d’un graffiti de labyrinthe. Le lieu se trouve sur une voie de pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle.
Étrangement, l’Angleterre a boudé la mode des labyrinthes dans les églises. Par contre, les Anglais en ont dessiné sur l’herbe à proximité des églises. J’en ai trouvé quelques-uns en pierre mais récents. La cathédrale d’Ely accueille le sien depuis le XIXe siècle. En 2013, la cathédrale de Wakefield a orné le sol de sa nef d’un labyrinthe circulaire. De même en 2009 le prieuré de Boxgrove.
Les pays nordiques sont la terre méconnue des labyrinthes. On en recense 10 au Danemark, tous peints, dont 6 disparus ou recouverts. Ils appartiennent au XVe siècle.
En Suède, signalons le labyrinthe de style chartrain de Grinstad (XIIIe siècle). On trouve enfin quelques exemples, associés avec des bateaux, en Finlande, à la fin du Moyen Âge.
Les labyrinthes sont vraiment un sujet international.
Prolongez la liste en commentaire, au cas, où malgré mes recherches, il m’en manque.
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