Vous comptez voyager en Auvergne ? Voici la sélection de mes églises préférées. La région est réputée pour ses monuments romans, mais les amateurs d’art gothique trouveront aussi satisfaction.
En matière de patrimoine religieux, l’Auvergne se félicite d’abriter les 5 majeures. Ce sont 5 églises bâties à/autour de Clermont-Ferrand. Très ressemblantes, elles symbolisent l’architecture romane auvergnate. Au risque de vous déstabiliser, aucune d’entre elles ne figure parmi mes 4 églises préférées.
Pour comprendre ce choix, j’ai attribué un certain nombre d’★ aux églises selon plusieurs critères :
- L’histoire du lieu
- Le site d’implantation
- L’architecture
- Le décor (appellation fourre-tout dans laquelle je regroupe la sculpture, les vitraux, les peintures et le mobilier).
Comme les hôtels, la cote maximum est ★★★★★. Attention, ce ne sont pas des notes. Ce qui veut dire que ★★ ne signifie pas un monument médiocre, mais intéressant, sans être exceptionnel.
Mon top 4 des églises d’Auvergne
La collégiale Saint-Julien de Brioude
★★★
Selon la tradition, Julien est un soldat romain converti au christianisme. Pourchassé à cause de sa foi, il est décapité. Son corps serait enterré à Brioude, agglomération antique sur la route du Puy à Clermont-Ferrand. La tombe sacrée favorise la naissance d’un pèlerinage et le développement de la collégiale, la plus grande église romane d’Auvergne.
Critère | Intérêt | Commentaires |
Histoire | ★★ | Un groupe de chanoines, particulièrement puissant et orgueilleux, gérait l’église et la ville. Une source d’anecdotes sur Brioude |
Site | ★★ | L’église se situe dans un secteur semi-piétonnier de la ville ancienne |
Architecture | ★★★ | La disposition de son chevet et la polychromie de ses pierres en font une église caractéristique de l’architecture romane auvergnate. |
Décor | ★★★ | Une grande diversité d’œuvres : des chapiteaux sculptés, quelques statues, des peintures murales malheureusement souvent peu visibles et un sol constitué de galets ! Ça m’a rappelé ma Normandie et ses plages 😊. |
L’abbatiale de La Chaise-Dieu
★★★
Chaise-Dieu signifie « la Maison de Dieu ». Elle est aussi la dernière demeure du pape Clément VI. Ancien moine du lieu, il a voulu reposer pour l’éternité dans cette abbaye bénédictine reculée, où la neige tombe parfois jusqu’en mai.
Critère | Intérêt | Commentaires |
Histoire | ★★★ | Au milieu du XIIe siècle, La Chaise-Dieu était à la tête du 3e ordre monastique française, après les clunisiens et les Cisterciens. Deux cents ans plus tard, l’ex-moine Pierre Roger est élu pape. Prenant le nom de Clément VI, il a une pensée émue pour l’abbaye de ses débuts : il finance sa reconstruction totale. Sous l’Ancien Régime, le monastère reste puissant et riche comme en témoigne la liste de ses abbés commendataires : Richelieu, Mazarin, le cardinal de Rohan… |
Site | ★★★ | Pour atteindre La Chaise-Dieu, il faudra vous éloigner des villes et rouler sur des routes serpentantes entre les monts du Livradois et du Forez. Dépaysement assuré. |
Architecture | ★★★ | Grâce aux énormes moyens financiers de la papauté, La Chaise-Dieu bénéficie d’une architecture de qualité : un style gothique méridional, sévère et homogène. À noter : la pérennité d’un jubé, clôture habituellement disparue dans les églises. |
Décor | ★★★ | Le chœur, délimité par ses 144 stalles, m’a fait forte impression, mais ce n’est pas le plus important : il faut surtout voir les tapisseries, conservées, depuis leur restauration, dans une salle à part. Cet ensemble textile rivalise avec les tapisseries les plus connues de la fin du Moyen Âge en France : l’Apocalypse d’Angers et la Dame à la licorne. |
La cathédrale Notre-Dame de Clermont
★★★
Sa teinte gris foncé l’identifierait comme une victime de la pollution. Détrompez-vous ! C’est la couleur naturelle du matériau de construction : la pierre de Volvic. Comme le dit à peu près la pub, un volcan s’éteint ; une cathédrale s’élève.
Critère | Intérêt | Commentaires |
Histoire | ★★ | La cathédrale est implantée sur l’ancien forum romain. En 1262, Louis IX vient y marier son fils, le futur Philippe III le Hardi avec Isabelle d’Aragon. Au XIXe siècle, l’architecte Viollet-le-Duc termine la cathédrale gothique en la dotant d’une façade harmonique. |
Site | ★★ | La cathédrale se trouve naturellement au cœur de la ville ancienne. Une place ménage une belle perspective sur sa façade sud, sous l’œil de la statue d’Urbain II, le pape qui prêcha la première croisade. |
Architecture | ★★★ | Mise à part sa couleur particulière, Notre-Dame de Clermont représente l’image de la cathédrale idéale : gothique, imposante, triomphante par sa façade à deux tours couronnées de flèche. |
Décor | ★★★ | Dans les chapelles rayonnantes, les vitraux allongés rappellent ceux de la Sainte-Chapelle. Astuce peu connue des touristes, appuyez sur les interrupteurs devant ces chapelles : des spots sortiront de l’obscurité des peintures murales médiévales. Il manque cependant à cette cathédrale des portails aussi sculptés qu’à Amiens ou Notre-Dame de Paris. |
La cathédrale Notre-Dame de Moulins
★★★
Je n’attendais pas beaucoup de cette ancienne collégiale, promue cathédrale en 1823, complétée ensuite dans un style néo-gothique. Une bonne surprise.
Critère | Intérêt | Commentaires |
Histoire | ★★★ | Collégiale à l’origine, cette église fut fondée au XVe siècle par Agnès de Bourgogne, duchesse de Bourbon, fille de Jean sans Peur (et sans reproches ?). Au XIXe siècle, elle est érigée au rang de cathédrale. Le dynamique évêque Pierre de Dreux-Brézé double la surface du monument afin de l’adapter à ce nouveau statut. Pour cette extension, il fait appel à Jean-Baptiste Lassus, l’architecte qui collaborait avec Viollet-le-Duc sur le chantier de restauration de Notre-Dame de Paris. |
Site | ★★ | Moulins était l’ancienne capitale du duché de Bourbon. À la fin du XVe siècle, le duc de Bourbon Pierre de Beaujeu et sa femme Anne, fille de Louis XI, régentaient le royaume de France à partir de Moulins. Autour de la cathédrale subsistent quelques monuments de cette époque prestigieuse. |
Architecture | ★★★ | L’église présente deux visages : une fade nef néo-gothique et un chœur gothique flamboyant beaucoup plus intéressant |
Décor | ★★★ | Malgré les destructions révolutionnaires, l’église est abondamment pourvue en statues, en vitraux et en peintures. Mais la plus admirable des peintures est cachée dans une chapelle isolée : c’est le triptyque de la Vierge en gloire. Gros coup de cœur pour cette œuvre faisant la transition entre le Moyen Âge et la Renaissance. Malheureusement, je ne peux pas vous en montrer une image, car l’État interdit bizarrement de photographier ce chef-d’œuvre. J’ai dû laisser mon appareil au chaud dans son sac. Pour ne pas vous frustrer, regardez cette reproduction sur Wikipédia. |
D’autres églises intéressantes
L’abbatiale Saint-Pierre de Mozac
★★ Malmené par un tremblement de terre à la fin du Moyen Âge, Mozac (prononcez « Mozat ») a perdu de sa superbe. Elle conserve néanmoins plusieurs arcades romanes, ornées de chapiteaux admirables. Certains n’ont pas été remontés et sont posés dans l’église. C’est l’occasion rare de les approcher et de les toucher.
La basilique Saint-Austremoine d’Issoire
★★ L’originalité de cette ancienne abbatiale vous sautera aux yeux : ses murs et ses piliers sont entièrement peints. Une mise en couleur effectuée au milieu du XIXe siècle. Certains visiteurs aimeront ; d’autres voueront à l’enfer les peintres qui ont ainsi bariolé l’église.
La basilique de Saint-Nectaire
★★ C’est l’exemple des grandes églises romanes d’Auvergne : belle silhouette étagée du chevet, pierres multicolores à l’extérieur, chapiteaux sculptés à l’intérieur. Oui, encore des chapiteaux.
La basilique Notre-Dame d’Orcival
★★ Appartenant au groupe des 5 majeures, le monument vous rappellera Saint-Nectaire par son architecture. J’avais visité cette église il y a 7 ans. Je me souvenais d’un intérieur aussi noir qu’un four. Ma dernière visite n’a pas démenti cette première impression.
La chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe
★★ Cette chapelle vaut principalement pour son site incroyable : elle est perchée sur un piton volcanique où l’on imaginerait plutôt planter un château fort. Avant d’entamer l’ascension, vous vous acquitterez d’un péage de quelques euros, car l’accès à l’église est payant ! Allégé du poids de la monnaie, vous grimperez plus facilement. Une fois en haut, vous aurez vite fait le tour de l’église. Ce n’est qu’une chapelle.
La priorale de Souvigny
★★ Dépendant de Cluny, ce prieuré a en réalité les dimensions et l’importance d’une puissante abbaye. S’y trouvent de nombreux gisants.
Conclusion
S’il fallait me limiter à une seule proposition, je vous conseillerais la visite de l’abbatiale de La Chaise-Dieu. Si vous recherchez une église typiquement auvergnate, je vous invite à voir la collégiale de Brioude.
Cependant, à aucune d’entre elles, je n’attribue les cotes maximums, ★★★★ ou ★★★★★. Les Auvergnats en seront sûrement déçus, mais, si je tenais un blog culinaire, je vous consolerais en étoilant généreusement votre trio de fromages : cantal, saint-nectaire et bleu.
Lecteurs, je compte sur vos réactions. Êtes-vous d’accord avec cette sélection et mes critères ? Auriez-vous ajouté d’autres églises ? En bas de cette page, la zone « commentaires » vous attend.
Vous retrouverez quelques-unes de ces églises dans mon guide des plus belles églises de France.
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