Franc-maçonnerie et alchimie : dans les secrets des cathédrales

moi

Laurent Ridel

Les cathédrales seraient les œuvres des francs-maçons et les alchimistes y auraient aussi laissé leur empreinte. Deux affirmations qu’un documentaire télévisé a décidé de soumettre à l’épreuve. Mythes ou réalité ?
Générique
Les cathédrales à la sauce RMC Découverte : du mystère, du suspense, et un certain sens de la dramatisation
Réalisé en 2018, le documentaire « Secrets de cathédrales. La face cachée des édifices » constate une lacune : malgré les recherches d’historiens et de scientifiques, la construction de ces chefs-d’œuvre du Moyen Âge resterait mystérieuse. Parmi les énigmes investiguées, deux ont retenu mon attention :
  • Les cathédrales seraient les œuvres des francs-maçons
  • Les cathédrales seraient de fabuleux livres de pierre sur lesquels les alchimistes auraient gravé tous leurs secrets.
Vrai ou faux ? Écoutons les arguments avancés dans l’émission.

La franc-maçonnerie, architecte des cathédrales gothiques

Le documentaire frappe fort : « La franc-maçonnerie serait née au XIe siècle et leurs membres seraient les architectes de tous les chefs-d’œuvre de l’art gothique ». L’hypothèse surprend, car les premières loges maçonniques connues remontent au XVIIe siècle en Angleterre et en Écosse. On se situe donc bien après le temps des cathédrales et hors du pays créateur du style gothique, la France. J’attends avec impatience comment le documentaire résoudra ce paradoxe. La parole est laissée à différents « connaisseurs ». Malheureusement, leur intervention ne démontre rien. Ils expliquent plutôt ce qu’est la pensée maçonnique : une sorte de contre-culture à l’Église et au christianisme. Hérétiques, les francs-maçons cacheraient leur conviction sous peine d’être brûlés en place publique. C’est pourquoi ils adopteraient un langage ésotérique qu’ils seraient les seuls à pouvoir décrypter sur les murs des cathédrales gothiques.
Erwin von Steinbach
Erwin von Steinbach (1244-1318), architecte de la cathédrale de Strasbourg et supposé franc-maçon. Nous sommes pourtant au Moyen Âge. Scène reconstituée dans le documentaire.
En résumé, les bâtisseurs et les sculpteurs des cathédrales seraient des hommes qui n’avaient pas la foi. En d’autres termes, ils élevaient ou ornaient des monuments en l’honneur d’un Dieu auquel ils ne croyaient pas, et au profit d’une Eglise qu’ils méprisaient. Allez comprendre cette contradiction.

Des preuves ?

Les minutes passent et je ne vois toujours pas ces indices qui attestent l’origine médiévale de la franc-maçonnerie et surtout sa participation aux chantiers des cathédrales. Ah si ! le documentaire finit par nous montrer des signes bizarres gravés sur la pierre. Je suis déçu. Il s’agit simplement de signatures de tailleurs de pierre. Le genre de marque que ces artisans laissaient sur chaque bloc pour que leur travail soit bien comptabilisé. Désolé, je ne suis toujours pas convaincu.
Marque lapidaire
Les tailleurs de pierres laissaient des marques sur les blocs afin que leur travail soit quantifié et donc payé en conséquence. Leur dessin plus souvent graphique qu’alphabétique les rend incompréhensible. Est-ce suffisant pour y avoir des signes dotés d’un sens caché, bref des signes francs-maçons ? Image extraite du documentaire.
D’autant que le documentaire n’explore pas les arguments à l’encontre de l’hypothèse. Par exemple, pourquoi ne voit-on pas sur les murs des églises les symboles que les différents experts nous présentent comme francs-maçons ? L’équerre, le compas, le triangle notamment. De l’autre côté de l’écran, l’un des intervenants, l’écrivain et dramaturge Jean-Louis Bachelet semble miraculeusement deviner ma perplexité. Il explique que les signes ont été effacés à la Révolution. Vraiment tous ? Il est certain que dans beaucoup d’églises, les Révolutionnaires ont vandalisé beaucoup de statues et de sculptures par anti-christianisme. Mais bien des monuments ou des parties peu accessibles ont été préservés des coups de marteau. L’argument d’un « grand nettoyage » ne tient pas debout à mes yeux. Et depuis l’écriture de cet article, mon doute a encore augmenté. Je vous en parle ici.

Vitraux et alchimistes

Après les francs-maçons, il est temps de convoquer d’autres personnages énigmatiques, les alchimistes. Rappelez-vous, ce sont ceux qui, au Moyen Âge ou à la Renaissance, recherchent notamment le principe mystérieux qui permettrait de transformer tout métal en or ou en argent. Ces expérimentateurs auraient, comme les francs-maçons, laissé quelques traces dans les cathédrales. Par exemple, dans la conception des vitraux. Leurs travaux d’apprentis chimistes auraient amélioré la connaissance des propriétés des métaux. Connaissance appliquée ensuite dans la coloration des verres, basée sur l’ajout d’oxydes métalliques. Le rouge et le fameux bleu de Chartres seraient sortis, par un heureux hasard, de ces expériences. « P’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non », je réponds en bon Normand. L’hypothèse semble gratuite. Car on ne trouvera sûrement jamais les inventeurs de ces couleurs. Au passage, si les vitraux vous fascinent, lisez comment passer pour un expert des vitraux quand on n’y connait rien ?
Vitrail de Notre-Dame de la Belle Verrière dans la cathédrale de Chartres.
Vitrail de Notre-Dame de la Belle Verrière dans la cathédrale de Chartres. Admirez ces rouges éclatants et ces bleus clairs. Image extraite du documentaire

Les cathédrales, livre de pierre pour les alchimistes

Direction ensuite Notre-Dame de Paris. A l’écran, des guides et des passionnés d’alchimie s’enthousiasment devant la façade qui serait un livre pour alchimistes. Les sculptures auraient un double sens : religieux et ésotérique (sous-entendu alchimiste). La caméra filme notamment les gargouilles et les chimères de pierre. La voix off omet de dire que ces ornements ont été créés par l’équipe de l’architecte Viollet-le-Duc, au XIXe siècle, donc bien après l’époque des alchimistes. Toutefois, un intervenant, Jacques Troger, évoque des médaillons médiévaux de part et d’autre du portail central, ayant une signification cachée. Je brûle de les connaître. Malheureusement, j’en saurais très peu (voir l’image plus bas). Le documentaire n’approfondit pas. Je reste sur ma faim.
L'aigle alchimiste
Attention voici un signe alchimique sur la façade de Notre-Dame de Paris !  D’après le narrateur du documentaire, cet aigle « représenterait la première étape pour réaliser la pierre philosophale ». Ah bon, pourquoi ? Aucune explication n’est donnée. Ce qui me gêne aussi, c’est que la sculpture me semble assez récente (XIXe siècle ?). Donc elle peut difficilement être lue comme un message des alchimistes du Moyen Âge. Image extraite du documentaire.
Depuis, j’ai approfondi le sujet de l’alchimie. Lisez ma conclusion. Un autre aspect me chagrine. Le documentaire laisse régulièrement la parole à des sommités intellectuelles. Très bien. Je reconnais des historiens, des historiens d’art, des professeurs d’université dont je lis les livres : Mathieu Lours, Patrick Demouy, Catherine Vincent (j’ai même suivi ses cours), Philippe Plagnieux, Gérard Denizeau… Cependant aucun d’entre eux n’est cité sur les questions controversées de l’alchimie et de la franc-maçonnerie. Autrement dit, les cautions scientifiques du documentaire disparaissent de l’écran. Peut-être parce que ces sujets ne sont pas très fondés. D’ailleurs les auteurs de « Secrets des cathédrales » sont-ils convaincus par les explications ? Apparemment peu, car la voix off conclut prudemment : « pour bien [des] légendes liées à ces édifices, comme l’intervention supposée des francs-maçons ou des alchimistes, le mystère reste entier ». Alors que ce blog envisage de décoder les églises, je ne suis pas certain que la clé se trouve chez les francs-maçons et les alchimistes. Si vous avez regardé cette émission, dites-moi ce que vous en avez pensé. « Secrets de cathédrales. La face cachée des édifices », documentaire réalisé en juillet 2018 par Morgane Production, diffusé le 18 décembre 2018 sur RMC Découverte. Restez informés en vous abonnant à ce blog. Chaque nouvel article arrivera dans votre boîte mail. Vous recevrez même des articles que je ne publie pas ici. L’inscription se passe ci-dessous. Rejoignez les 4000 inscrits.
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L’AUTEUR

Laurent Ridel

Ancien guide et historien, je vous aide à travers ce blog à décoder les églises, les châteaux forts et le Moyen Âge.

Ma recette : de la pédagogie, beaucoup d’illustrations et un brin d’humour.

Laurent Ridel

24 réponses à “Franc-maçonnerie et alchimie : dans les secrets des cathédrales”

  1. Avatar de Alice

    Merci Laurent pour cet article qui m’a bien fait rire. J’avais besoin d’une lecture de ce genre, à la fois récréative et intelligente car on a bien besoin de prendre du recul par rapport à des sujets historiques qui, sous l’angle ésotérique ou magique, attirent notre besoin de rêver. L’histoire, bien souvent, permet à l’homme d’aujourd’hui de rêver à un monde disparu qu’on idéalise et qu’on modèle selon nos rêves d’évasion. Et ce que tu fais là nous permet de ne pas nous égarer tout à fait. Bravo et un grand merci à toi !

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Tu as bien noté la tension entre le désir de rêver et l’exigence de vérité. J’essaie de rester dans le deuxième aspect mais je comprends qu’être un démystificateur n’est pas un joli rôle.

      1. Avatar de Alice Grownup

        Ton rôle, quel qu’il soit, alimente nos rêves…. Car nous sommes tous des rêveurs; Nous cherchons un sens à nos désirs, et nous trions par genre l’amas de connaissances qui n’est jamais assez gros. Pour convenir, au final, que le rêve est partie intégrante de notre réalité 🙂

  2. Avatar de christine Cogniez
    christine Cogniez

    Je n’avais pas vu cette émission et me préparais à la regarder en replay. Mais au vu de vos commentaires, Laurent, je ne perdrai pas ce temps à regarder une émission pour le moins farfelue.
    merci.

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Non Christine, regardez-la, mon article ne rend compte que d’une partie de l’émission. J’admets que certaines images sont superbes à regarder et que certaines parties sont solides d’un point de scientifique (sur la disposition intérieure des églises, sur l’importance des miracles, sur le rôle des images). Comme je le dis, il y a des intervenants de qualité dans le documentaire. Malheureusement, leur parole a tendance à être saucissonnée.

  3. Avatar de vali
    vali

    la franc maçonnerie représente l’élite intellectuelle, c’est normal que les francs maçon des cathédrales de fil en aiguille se soient fait infiltrés par des « frères » venus d’ailleurs, et réutilisés à leur propre compte un peu comme la cellule cancéreuse, nait dans l’organisme et se met à vivre pour son propre compte hi hi !

  4. Avatar de Caroline B.
    Caroline B.

    J’ai pensé exactement la même chose que toi ! J’ai moi aussi suivi les cours de Catherine Vincent à l’université (j’ai même eu la chance de travailler avec elle). Au fil du documentaire je me demandais bien si des preuves scientifiques pouvaient être apportées à ces hypothèses et que nenni…

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Oui, pas de preuves ou de cautions scientifiques. Je n’ai pas pu dire dans cet article tout ce qui est douteux. Le pire étant la fin du documentaire très anti-cléricale : l’Eglise se faisait un malin plaisir à laisser se tuer les bâtisseurs de cathédrales sur les chantiers.

  5. Avatar de Caroline B.
    Caroline B.

    J’ajoute que l’hypothèse de l’anti christianisme à l’époque de la construction des cathédrales me paraît anachronique

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      En effet, pour preuve, même les hérétiques (Cathares…) de cette époque, se situaient dans le christianisme.

  6. Avatar de Jean-Michel Mathonière

    Je découvre avec plaisir votre critique. Je suis l’un des spécialistes piégés dans ce documentaire. Lorsque je l’ai visionné, lors de sa diffusion publique et pas avant, je n’ai pas décoléré de toute sa durée. J’avais été sollicité en dernière minute, l’essentiel du documentaire étant déjà en boîte, justement pour évoquer, de manière critique car je ne supporte pas les supercheries pseudo ésotériques, la question de la franc-maçonnerie et, surtout, celle du compagnonnage, mon domaine central de recherche. J’ai eu le sentiment d’avoir été totalement manipulé ! Pendant plus d’une heure d’interview, j’avais démonté cette assertion en précisant tout simplement que la franc-maçonnerie, telle que nous la connaissons, est née officiellement à Londres au début du XVIIIe siècle (en réalité, sa gestation a duré une bonne partie du XVIIe), et que les origines médiévales, dans les loges de tailleurs de pierre (maçons, au sens ancien du terme) qu’elle revendique, restent sujet à débat pour les spécialistes et, en tous les cas, que la réalité au moins partielle du fait doit être appréhendée avec recul. Idem pour toutes les questions « zozotériques » que le journaliste me posait, notamment quant à l’alchimie, questions qui n’ont de l’intérêt que dans la mesure où ces sujets sont replacés dans le cadre général de l’histoire des sciences et des idées. Mais de toutes ces précisions, qui manifestement contrariaient beaucoup mon interlocuteur, on a retenu quelques dizaines de secondes seulement, en charcutant mes propos pour n’en retenir que des bouts de phrases et ce qui pouvait être entendu comme allant dans le sens du propos du principal intervenant, au demeurant un parfait inconnu dans le petit monde de la franc-maçonnerie !

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Je me souviens en effet de vos interventions et j’en attendais beaucoup car sur les sujets de la franc-maçonnerie et du compagnonnage, vous étiez le plus qualifié. Votre parole était tellement saucissonnée que j’en étais arrivé à me demander si le documentariste plaquait vos morceaux de réponses à des questions qu’il ne vous avait pas posées. Merci d’expliquer l’arrière-plan de ce documentaire. N’hésitez pas à réagir sur cet autre article

  7. Avatar de Marian
    Marian

    Prendrais-je un peu de mon temps pour regarder cette bêtise??? A voir. Par contre le peu que j’en sais… Il y a la maçonnerie opérative, artisanale, noble et vénérable, aux origines toujours discutées mais pour le moins ancestrales. Elle pense avec ses mains. Et continue aujourd’hui d’exister de façon discrète. Et la spéculative, bourgeoise, arriviste, fat, narcissique, déjà libérale-libertaire, c’est elle qui accouche des lumières, du libéralisme et du bel aujourd’hui… Très moderne. Branchée! Parfumée de scandales. Elle étale ses secrets un peu partout, notamment en couverture de mags.
    Quand à l’alchimie, traiter les alchimistes « d’apprentis chimistes » c’est drôle. On peut ne rien y comprendre mais quand même… Relire l’oeuvre au noir et les aventures de Zénon (alchimiste et médecin du XVIe siècle) et un voyage auquel je vous invite (si ce n’est déjà fait) ou plus extraordianire et trop court: Le Voyage Alchimique (Sur les chemins de la Pierre Philosophale de Bruxelles à Saint-Jacques de Compostelle en passant par notre Mont St-Michel (sublime), Chartres, Paris, Rocamadour… ‘http://www.voyage-alchimique.com/etapes-voyage-alchimique/) Voyage que vos commentaires me laisse à penser que vous l’ignorez ??? C’est pourtant un « best-viewer » Si ce n’est vu abandonnez tout séance tenante et laissez-vous emporter par cette série et son guide, le volubile et voyant Patrick Burensteinas (http://orifaber.fr/patrick-burensteinas). Voyant au sens romantisme allemand c’est entendu. Attention çà risque de décoller les mirettes!

    1. Avatar de Jean-Michel Mathonière

      « My GADLU », quelle charge contre la franc-maçonnerie spéculative ! Et quelle généralisation de la bêtise et des appétits politico-financiers d’une partie, finalement pas si importante que ça, de ses membres… De fait, je ne sais dans cette contribution ce qui relève d’une étonnante naïveté — puisqu’à l’inconsistance des secrets maçonniques on oppose le beau roman de Marguerite Yourcenar, un livre faisant probablement autorité sur l’histoire de l’alchimie, et qu’à la fumisterie d’un Jean-Louis Bachelet on préfère la compétence « best-viewer », tout autant zozotérique et guère davantage reconnue, d’un Patrick Burensteinas — et ce qui relève d’un adroit post commercial afin de poser un lien et de vanter les formations diverses et variées « offertes » par ce dernier. Dans tous les cas, cela illustre encore une fois combien le décodage des cathédrales reste malheureusement un domaine où prolifèrent les « grands initiés » de tout poil, dont l’omniprésence tend à faire fuir les trop rares historiens qui s’efforcent d’apporter un peu de lumière.

  8. Avatar de oula
    oula

    Avez-vous fait ou feriez-vous un article sur « l’oeuvre » de Violet-Le-Duc ? Vous évoquez dans cet article que les gargouilles, les chimères de Notre-Dame sont de lui par exemple… Je ne le savais pas, je croyais que c’était typique du Moyen-Age ce genre de sculpture, un côté « cynique » de l’époque. J’aimerais beaucoup connaître la réalité de la sculpture, des Cathédrales gothiques SANS VLD ! Qu’a-t-il apporté ? Ces êtres grimaçants, effrayants existaient-ils avant lui ? Sinon pourquoi ces ajouts, ces inventions ? Qui était-il ? Son idéologie ? etc.

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      Les gargouilles sont bien un genre de sculpture typiquement médiévale. Mais Viollet-le-Duc les a refaites sur Notre-Dame et a ajouté de nombreuses chimères. Il y a chez lui un Moyen Âge parfois fantasmé. Sur le personnage, j’ai écrit cet article pour le site Montjoye.net

  9. Avatar de Francis Dugardin
    Francis Dugardin

    Lorsque je fais visiter la cathédrale, j’explique que la franc-maçonnerie du XVIIéme siécle lorsqu’elle a été créée a copié l’organisation des œuvriers des cathédrales des XII et XIIIéme S: Les MAÇONs qui œuvraient lors des constructions des cathédrales n’étaient pas des travailleurs locaux mais des étrangers qui avaient besoin d’être LOGES; par ailleurs, lorsque les apprentis entraient dans la corporation des maçons professionnels, les MAITREs qui les initiaient exigeaient de leurs apprentis de s’engager à tenir SECRET, l’enseignement reçu: techniques, méthodes et tours de main.
    Ces professionnels avaient la possibilité de voyager, de se déplacer sans difficulté à travers les provinces et pays; ils bénéficiaient de la FRANChise des déplacements.
    Le vocabulaire utilisé par les initiateurs de la franc-maçonnerie, selon mon point de vue, aurait été emprunté aux maçons qui ont bâti les cathédrales :FRANC – MAÇON – SECRET – MAÎTRE – LOGE.
    Ai-je raison ou tort de m’exprimer ainsi?

    1. Avatar de Laurent Ridel
      Laurent Ridel

      C’est bien de vous interroger sur le discours que vous transmettez lors de vos visites.
      – Les maçons pouvaient être en partie des travailleurs locaux. Il y a avait suffisamment de chantiers (maison, palais, hôtel de ville, château) dans une ville pour justifier l’installation permanente de métiers du bâtiment.
      – La loge désignait l’atelier au pied de la cathédrale. On pouvait y manger. On y dormait rarement. Difficile de dire que les artisans y logeaient.
      – Selon l’historien Gimpel, on a trop tendance à voir au Moyen Âge les corporations puissantes, contraignant au secret, réglementant la vie de toute la profession. A cette époque, le travail est plus libre qu’on le pense. Les ouvriers ne travaillent pas tous au sein d’une corporation, surtout dans les métiers du bâtiment
      – Quant au terme franc-maçon, il ne désignerait pas des artisans francs de péage mais des maçons qui taillaient la pierre franche, c’est-à-dire la pierre plutôt tendre. Celle qui demande la plus grande habileté car on la sculpte.

  10. Avatar de Jean-Michel Mathonière

    J’abonde dans le sens de Laurent Ridel. Attention aux généralités dans tous les cas !
    En fait, il m’apparaît comme beaucoup plus prudent, à de multiples points de vue, d’éviter d’évoquer auprès d’un public non préparé la question d’un lien entre la franc-maçonnerie spéculative du XVIIIe siècle et les organisations de bâtisseurs de cathédrales, si ce n’est juste pour dire que les francs-maçons revendiquent (plus ou moins d’ailleurs) cette filiation mais que nous n’avons pas assez d’éléments documentaires des deux côtés pour légitimer scientifiquement cette hypothèse. Le problème est que l’on est là face à un sujet qui déclenche trop de fantasmes, aussi bien chez les Maçons que chez les anti, fantasmes qui pour la plupart invoquent le secret des loges pour proliférer et ne pas se soumettre à la critique.
    À noter aussi que dans les anciennes organisations compagnonniques que j’ai étudiées (et qui ne sont documentées pour la période médiévale tardive que dans le Saint Empire romain germanique), le secret concerne essentiellement la question des tracés géométriques pour établir les plans (Statuts de Ratisbonne en 1459). Mais précisément, la franc-maçonnerie britannique des XVIIe et XVIIIe siècle n’a concrètement rien reçu de ce savoir, si ce n’est l’idée qu’il s’agit du savoir par excellence — et cette absence de transmission du savoir géométrique ne prêche pas en faveur d’une continuité véritablement significative avec les loges opératives des tailleurs de pierre.

  11. Avatar de Tixeire Luc
    Tixeire Luc

    ceux qui allaient de ville en ville pour construire les cathédrales étaient une exception parmi la population : ils ne payaient pas la taxe pour rentrer dans les villes, on avait trop envie qu’ils viennent, c’était leur privilège
    c’est ce que signifie le nom de francs maçons

  12. Avatar de Jean-Michel Mathonière

    C’est une croyance encore répandue dans les livres maçonniques… mais nous n’avons aucune preuve documentaire de ce fait !

  13. Avatar de JPG
    JPG

    La curiosité nous pousse encore aujourd’hui à vouloir dévoiler ce qui par principe a été institué pour rester voilé ….
    En effet , ce procédé alchimique ,cette manière d’être reste difficilement démontrable dans les livres ou les ouvrages qui nous sont transmis et pour cause, si nous sommes en train de vouloir dévoiler à tous prix la connaissance ou les secrets qui caractérise un cheminement initiatique et qui font partie de l’intimité ou de l’essence de chaque être…
    Pour autant, nous avons la chance de disposer d’une telle mémoire ou de tels jalons que sont les cathédrales entre autres pour nous aider à cheminer, voire nous élever en toute humilité….
    En passant de l’opératif au spéculatif , on a peut-être voulu commettre un schisme comme bien d’autres, pour au fond, perdurer dans le temps comme dans l’espace et traverser les siècles…
    Ainsi , de bouches à oreilles ou de corps à corps on en arrive à transmettre autant si non plus que dans les livres ou sur les ondes…pour tendre vers une vocation universelle et naturelle qui n »est autre que ce qui peut caractériser toutel’humanité ..

    1. Avatar de Eugène Canseliet-Le-Baron
      Eugène Canseliet-Le-Baron

      Quel charabia pour finalement ne rien dire d’autre que vous pensez détenir la connaissance ! Ça peut faire illusion dans un roman…

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