Sur les dizaines de milliers d’églises en France, on peut être sûr de tomber sur des cas surprenants, étranges ou insolites. Dans ma sélection figurent des chapelles implantées sur des sites improbables, des monuments invisibles de l’extérieur et des églises qui ne ressemblent pas à des églises.
Église troglodyte de Saint-Jean d’Aubeterre-sur-Dronne
Au XIIe siècle, le seigneur d’Aubeterre, Pierre de Castillon, revient de croisade, précieusement chargé : il rapporte des reliques. Pour les abriter, le croisé creuse sous son château une église souterraine inspirée des monuments rupestres de Cappadoce (en Turquie). Dans la pierre calcaire, les ouvriers dégagent un espace de 27 m de long et 20 m de hauteur. Résultat : un site incontournable si vous passez dans les Charentes.
Cathédrale Saint-Louis des Invalides : la consécration de la ségrégation
À Paris, l’hôtel des Invalides intègre une église propre à déboussoler le visiteur. Déjà, parce qu’elle est orientée selon un axe nord-sud et non est-ouest. Ensuite, parce que c’est une église double. L’architecte de Louis XIV, Jules Hardouin-Mansart, a en effet partagé l’édifice religieux.
- Lire aussi : Pourquoi les églises sont tournées vers l’est ?
D’un côté, il construit l’église des soldats, réservée aux pensionnaires de l’hôtel des Invalides : militaires âgés, infirmes ou définitivement malades. À l’opposé est édifié le sanctuaire exclusivement dédié au roi. Il sert aujourd’hui de cadre monumental à la tombe de Napoléon. Entre la partie des soldats et celle du roi, est installé le maître autel. Bien que cantonnés dans leur secteur, les militaires et le souverain peuvent ainsi suivre la même messe !
Chapelle Saint-Gildas de Bieuzy : mieux qu’un toit pour se protéger
Quelle idée d’encastrer cette chapelle bretonne sous un rocher ! Ce n’est pas parce que les bâtisseurs craignaient, comme Astérix et ses compères, que le ciel leur tombe sur la tête. Le choix de ce site repose sur son symbolisme : d’après la légende, aux premiers siècles du christianisme gaulois, les missionnaires saint Gildas et saint Bieuzy se seraient retirés dans la grotte sous le rocher.
Chapelle Saint-Michel d’Aiguilhe du Puy : elle se mérite
Méfiez-vous si vous devez vous rendre dans une église dédiée à saint Michel. Elles sont souvent perchées, à l’exemple de cette chapelle du Puy-en-Velay, inaccessible en voiture. Il vous faudra emprunter l’escalier de 268 marches pour monter les 82 m du pic d’origine volcanique. Pour vous donner du courage, sachez que l’édifice mérite quelques suées pour son architecture romane et son décor polychrome.
Église Saint-Ignace de Paris : pour prier en toute discrétion
Une erreur de photo ? Pas du tout. Croyez-moi : le passage entre les magasins Ecco et Minelli vous conduit à une église. Enfermée dans les immeubles du VIe arrondissement, Saint-Ignace est presque totalement invisible de la rue malgré ces 1000 m². On pense emprunter une galerie commerciale ; on se retrouve dans une église. Voir l’intérieur très vaste.
Église Saint-Sauveur de Charroux, enfin ce qu’il en reste
Au premier abord, on ne sait pas quoi penser de cette tour octogonale. Est-ce une église, un château d’eau, une construction romaine ? En réalité, c’est le dernier vestige d’une abbaye fondée au temps de Charlemagne. L’église (longue de 114 m !) avait un plan classique en croix mais à l’intersection, s’élevait une grosse rotonde. De cette rotonde émergeait la tour qui, seule, subsiste.
Saint-Vigor de Menil-Gondouin, l’église taguée
Influencé par les fresques des églises italiennes, le curé de Ménil-Gondouin, Victor Paysant (1841-1921) plaque sur la façade un décor peint composé de personnages, de citations et d’exhortations. À ses yeux, l’architecture d’une église doit « parler » à ses paroissiens. Ce principe n’est pas du goût de son successeur, qui fait tout effacer.
En 2004, le maire et l’association « les Amis du Houlme » déplorent ce « vandalisme ». Ils reproduisent le décor en s’inspirant des cartes postales anciennes et des restes de pigmentation. Résultat, une façade inédite en Normandie, et probablement au-delà.
Saint-Sulpice de Favières : « la plus belle église de village de France »
Ainsi la qualifiait l’abbé Chastelain, grand voyageur, dans son journal en 1689. Car cette église, aux dimensions de cathédrale, se trouve dans un village de 300 habitants seulement. La construction du monument a bénéficié des revenus d’un pèlerinage à succès au Moyen Âge. Aujourd’hui, ce gigantisme pose problème : la commune peine à entretenir l’église.
Église de Broindon : un maire sous divine protection
Sur la commune de Broindon (Côte-d’Or), la séparation de l’Église et de l’État en 1905 ne s’est pas traduite dans l’architecture. La mairie, l’école et l’église font partie du même ensemble de bâtiments !
Eglise Saint-Papoul : on ne sourit pas !
En vérité, rien de curieux dans cette photo. Cette abbatiale du département de l’Aude figure ici pour sa dédicace au très obscur saint Papoul. Elle m’amuse. Comble de joie pour moi, saint Papoul a donné aussi son nom au bourg autour de l’église. Les habitants se nomment donc les Papoulais.
Cet exemple me sert de prétexte pour honorer toutes les églises aux dédicaces drôles : Saint-Ours à Loches, Sainte-Radegonde à Bassignac (et ailleurs), Saint-Pantaléon à Salins, Saint-Pé à Garin, Saint-Facile au Grand-Lucé, Saint-Bon à Courchevel, Saint-Pétrock à Beaussais-sur-Mer… À vous de prolonger la liste en commentaires.
Trouvez d’autres destinations dans mon guide des plus belles églises de France.
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