Il y a un an, je partageais avec vous mon défi : visiter toutes les cathédrales de France. Résultat : en 12 mois, 12 monuments découverts ou redécouverts. J’ai été souvent émerveillé, parfois déçu.
Qui s’en souvient ? Je vous avais parlé de mon objectif au démarrage de ce blog, à une époque où il recevait autant de visiteurs qu’un nichoir à oiseaux en plein hiver. Au menu, une liste gourmande de près de 200 cathédrales à visiter. Sans date butoir. Aujourd’hui, au bout d’un an, le site a grossi, il a élargi son audience et je peux fièrement rayer 12 lignes sur ma liste. Ce bilan peut vous sembler maigre, mais, de ces premiers voyages, je reviens avec des images saisissantes et une certitude : je connais ma cathédrale préférée.
Bouclez votre ceinture, c’est parti !
Amiens, la cathédrale des superlatifs
J’ai commencé fort mon Tour de France. La plus volumineuse des cathédrales françaises m’a impressionné par sa clarté intérieure, sa profusion de sculptures et ses voûtes si hautes. Devant la façade, alors que le soleil se couchait, j’ai passé des heures (vraiment !) à détailler les statues qui ornent les trois portails. Comme il y en avait autant à l’intérieur, vous comprenez que ma visite d’Amiens a duré. Un très bon souvenir que je vous ai partagé en vidéo.
Bayeux, la belle Normande
À l’été 2018, je suis venu dans cette petite ville du Calvados, non pas pour visiter la cathédrale, mais pour y découvrir un chantier de tailleurs de pierre, ouvert au public. Après avoir interviewé les artisans, je n’ai pas pu m’empêcher d’entrer dans l’église.
À la différence d’Amiens, les églises normandes sont généralement réticentes à se parer de sculptures figuratives. Mais les artistes de Bayeux semblent avoir cherché à compenser en sculptant une abondance de motifs géométriques et en peignant les murs. Une belle cathédrale dans une cité tout aussi belle.
Coutances, le sens de la verticalité
Cette autre cathédrale normande possède parmi les plus belles flèches de France. Ce qui lui donne une silhouette gracieuse, quand on l’aperçoit au loin. Dommage que la façade ne comporte plus de sculptures. Face à une telle frustration, je me mets à raisonner comme un éleveur de chevaux : et si je pouvais croiser les flèches de Coutances avec les trois portails d’Amiens, n’aurais-je pas devant les yeux la plus magnifique des façades ?
Notre-Dame de Paris, avant le drame
Le 17 juillet 2018, je lis des panneaux au pied de la cathédrale de Paris. J’y apprends que la flèche de la croisée du transept, celle édifiée par Viollet-le-Duc entre 1858 et 1861, est en cours de restauration. J’hésite à prendre la photo de la fine construction. Pourquoi me précipiter ? Je reviendrai dans quelques années quand la flèche restaurée aura retrouvé son éclat. Vous connaissez la suite de l’histoire. Le 15 avril 2019, un incendie a consumé la charpente et causé l’effondrement de la flèche qui, dans sa chute, a perforé les voûtes.
En parcourant mon album photo de la cathédrale de Paris, sur mon ordinateur, j’ai un pincement au cœur en voyant l’image de la flèche intacte. Car vous l’avez compris : malgré mon hésitation, j’ai pris la photo.
Reims, la déception
Presque tous les rois de France s’y sont fait sacrer pendant près de 800 ans. Je m’attendais donc à un monument à la hauteur de l’événement. Une longueur de bâtiment exceptionnelle (149 m), une façade parfaitement symétrique, une profusion de statues (2303 exactement) parmi lesquelles des anges qui nous sourient, Reims ne peut que taper dans l’œil. Et pourtant, la séduction n’a pas opéré sur moi.
Plus on avance dans l’édifice, plus on s’enfonce dans l’obscurité. Sans atteindre la magie qu’on peut retrouver à Chartres, une église encore plus sombre. Les sculptures des portails m’ont semblé de qualité inégale.
Beaucoup d’entre vous trouveront mon jugement sévère. Ça ne veut pas dire que je ne considère pas Reims comme une réalisation majeure de l’art gothique. Simplement, elle ne sera pas ma cathédrale préférée.
Laon, la bonne surprise
De Reims, je suis parti en voiture vers Laon. Seuls 60 km séparent les deux villes, la deuxième abritant aussi une cathédrale. Notre-Dame de Laon a le sens de la mise en scène : elle chapeaute une colline qu’il faut contourner puis longuement grimper. Comme si atteindre un chef-d’œuvre se méritait.
Au XIIe siècle, les évêques bâtisseurs ambitionnaient de signaler le monument par 7 tours. 5 seront effectivement construites, soit plus qu’à Reims, Amiens ou Notre-Dame de Paris. Laon boxe donc dans la catégorie poids lourd alors que la ville est modestement peuplée de 25 000 habitants aujourd’hui.
Aussitôt la porte franchie, j’ai été émerveillé. Quelle blancheur ! Quel sentiment d’espace ! Alors que je conservais le préjugé d’une église austère. Quel plaisir de se tromper !
Bourges, souci matériel
16 septembre 2018, 9 h 33, je suis probablement le premier à entrer dans la cathédrale de Bourges, car je marche presque sur les talons du gardien chargé d’ouvrir les portes.
9 h 37. Je m’aperçois que la batterie de mon appareil-photo rend l’âme. Or, je sais que ma batterie de secours est au même point. Terrible mouvement de frustration.
Si vous vous retrouvez dans cette situation, suivez mon conseil : changez quand même la batterie. Bizarrement, elle aura retrouvé un peu de jus pour quelques minutes. Faites un tour dans la ville puis replacez la première batterie. Elle aussi aura récupéré miraculeusement un peu d’énergie (il est vraiment formidable ce blog, il donne même des astuces techniques).
C’est ainsi que j’ai pu voir et photographier le spectacle du fond du chœur : le soleil du matin illuminant les magnifiques vitraux du XIIIe siècle. Magique !
Lisieux, mon terrain de jeu
C’est la cathédrale de ma ville, celle que je visite et revisite. Un lieu familier qui pourtant me réserve toujours quelques surprises.
Le chauvinisme ne m’aveugle pas au point de considérer Saint-Pierre de Lisieux comme la 8e merveille du monde. Le badigeon blanc qui couvre les murs et les colonnes se détache ; la nef n’a pas la grâce élancée que le gothique donne habituellement aux grandes églises.
Néanmoins, à force de passer devant ou d’y pénétrer, je saisis des visages insolites de ce monument. Quand par exemple, les jours de crachin, l’intérieur de la cathédrale est principalement éclairé par les lampes, faute de luminosité déversée par les vitraux. Quand, l’été, la porte centrale est ouverte et laisse apercevoir, du perron, les entrailles de l’église. Alors qu’on entre généralement dans les cathédrales par les portails latéraux, fermés d’une ou deux portes, Saint-Pierre de Lisieux offre une perspective à ma connaissance inédite.
Chartres, retour au Moyen Âge
Ce n’était pas ma première visite à Chartres. J’en gardais le souvenir d’une église incroyablement sombre à l’intérieur. Mais je savais depuis, que les vitraux avaient été décrassés et que les murs noircis par la suie avaient retrouvé leur badigeon ocre. En fin de compte, rien n’a changé. Lors de ma dernière visite, Chartres semblait toujours réfractaire à accueillir la lumière. Et pour cause : les vitraux du XIIIe siècle, même nettoyés, restent opaques.
Tant mieux. Il n’y a peut-être qu’à Chartres qu’on peut se rendre compte de l’atmosphère authentique d’une église médiévale. Ailleurs les vitraux ont partiellement ou totalement été remplacés par des verres blancs.
Cette obscurité démontre que les cathédrales n’étaient pas aussi lumineuses que les historiens de l’art gothique veulent nous le faire croire. Les fidèles priaient dans la pénombre, leur ferveur accentuée par l’ambiance mystérieuse du lieu et les couleurs irréelles des vitraux.
Rouen : une cathédrale à la hauteur de la ville
Au Moyen Âge, Rouen était la seconde ville de France, le siège de l’archevêché le plus riche du royaume et la capitale du duché de Normandie.
Avec un CV aussi impressionnant, la cathédrale ne pouvait qu’être extraordinaire. Elle l’est. Sa façade longue de 61 m suffirait à la rendre remarquable quand bien même le reste de l’édifice s’effondrerait. Assemblée au XIXe siècle, la flèche de fonte a permis à Rouen d’être couronnée, pendant 4 ans, plus haute construction mondiale (voir cet article).
Rouen s’admire aussi pour ses tombeaux (notamment ceux des ducs de Normandie), mais, lors de ma dernière visite, mon intérêt s’est surtout porté sur les saynètes sculptées de la part et d’autres du portail des libraires. Un aperçu de la fantaisie des artistes médiévaux.
Dol-de-Bretagne et sa particularité unique
Je trouve toujours charmant les petites villes comme Dol (6000 habitants) qui renferment un monument aussi considérable qu’une cathédrale. C’est un peu comme voir une star de cinéma rentrer dans son modeste pavillon de banlieue.
L’église bretonne présente une caractéristique unique parmi les 12 que j’ai visitées en un an : elle est bâtie en granit et non en pierre calcaire. Un matériau rebelle aux outils de taille, d’où un édifice presque dépourvu de sculptures extérieures et de fioritures.
Sens, un coup d’essai réussi
Première cathédrale gothique de l’histoire, Sens ne s’est pas déshabillé totalement des traditions romanes. Son corps est trapu ; quelques chapiteaux sont encore décorés de scènes historiées et dans les recoins, se cachent des sculptures de monstres.
Sens m’a fait bonne impression dès que j’y suis entré : sa clarté et l’homogénéité apparente de son architecture me rappelaient le souvenir positif de Laon. Un résultat étonnant pour une cathédrale pionnière dans le style gothique.
Alors que tirer de ce bilan 2018-2019 ? J’ai commencé mon Tour de France par Amiens. Aucune des cathédrales suivantes n’a réussi à la détrôner. Elle reste ma préférée. Pour combien de temps ? Plus de 170 monuments m’attendent !
Profitez de cet article pour donner vos impressions. Et vous, qu’avez-vous pensé de ces monuments ?
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