Les clochers interpellent par leur hauteur. Certains surprennent en plus par leur architecture. Les photos qui suivent sont garanties sans trucage.
Flèche d’Ars-en-Ré
À peindre ainsi leur clocher, on peut douter du goût des habitants d’Ars-en-Ré. Cette bichromie noir & blanc a l’avantage de se voir au loin, surtout sur fond de ciel bleu. Un précieux repère pour les marins qui naviguent dans les pertuis, ces étroits passages entre l’île de Ré et le continent. Bref, en plus de sonner les heures, ce clocher sert d’amer.
- Voir les autres rôle des clochers
Clocher de Collioure
Au temps de Louis XIV, l’État ordonne la destruction de l’église de Collioure pour des raisons militaire. En contrepartie, il cède aux habitants un emplacement au bord de la mer, près d’un phare abandonné, où ils pourront bâtir un nouvel édifice. Le phare est annexé à la construction. On y installe des cloches. Et voici Collioure doté d’un clocher en un rien de temps et à moindres frais. Une idée lumineuse !
Clocher tors de Verchin
Tout va bien ! Vous n’êtes pas victime d’une hallucination.
Le clocher de Verchin fait partie de la soixantaine de clochers tors recensés en France. Ici, dans ce village du Pas-de-Calais, les habitants vous expliquent qu’un mauvais séchage du bois a entraîné cet affaissement doublé d’une torsion. Ailleurs, on accusera le vent. Là-bas, on vous répliquera fièrement que des charpentiers virtuoses ont volontairement vrillé le clocher. Balivernes ! C’est en fait le diable qui n’a pas pu s’empêcher de tirer dessus.
L’association des clochers tors d’Europe vous montrera d’autres exemples.
Clocher-mur de Saint-Sulpice
Ce n’est sûrement pas la façade la plus accueillante de France, mais les habitants de la bastide de Saint-Sulpice (Tarn) avaient une bonne raison à cet aspect austère. L’église faisait partie de leur système défensif. D’où un clocher de 40 m de haut, peu ouvert et couronné de mâchicoulis.
Tour inachevée de la cathédrale de Dol
L’affaire semblait bien engagée. Après avoir achevé la tour droite, les bâtisseurs posent au XVIe siècle les premières assises du dernier étage de la tour gauche. Ils se sont arrêtés au tiers d’une baie comme si un événement soudain avait cassé leur élan. Raison avancée : il n’y avait plus d’argent dans les coffres.
Cette cathédrale restera à jamais avec un moignon de tour.
Tour Fenestrelle de la cathédrale d’Uzès
Des clochers carrés, rectangulaires, vous en croiserez autant que des voitures sur un parking de supermarché le samedi. Par contre, des clochers ronds, bonne chance… Autant les seigneurs inclinaient à doter leur château de tours circulaires, autant le clergé préférait les plans quadrangulaires.
Remarquez la gradation des étages à Uzès : plus on monte, plus les baies sont nombreuses et larges. L’inverse étant irréaliste sous peine de voir la construction s’effondrer.
Campanile de Sainte-Catherine d’Honfleur
La plus célèbre église d’Honfleur surprend par sa construction en bois, mais elle étonne aussi les touristes par une autre caractéristique : son clocher est indépendant. Probablement parce qu’on craignait que le balancement des cloches disloque les poutres de l’église. À moins que ce soit une précaution contre l’incendie. Le clocher, exposé à la foudre, se consumerait sans menacer la partie principale du bâtiment.
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Clocher de Plougrescrant
La flèche de la chapelle Saint-Gonery (saint guérisseur venant d’Angleterre, au VIe siècle), à Plougrescrant, fut édifiée en 1612 sur un clocher datant de la fin du XIIe siècle. Le socle sur lequel elle fut montée ne fut pas assez solide et s’inclina d’un côté, tandis que la flèche, couverte de plomb s’inclina de l’autre côté. Symbole de la commune, les habitants ont refusé que la flèche soit redressée lors des travaux de rénovation en 1962.
Ils ont eu raison. Sinon ce village breton n’aurait jamais figuré dans ce top des clochers bizarres.
Clocher de Marans
Depuis près d’un siècle, les paroissiens de cette petite ville de Charente-Maritime regrettaient l’inachèvement de leur église. Jusqu’à cet événement raconté par le site web de la commune de Marans : « Finalement, c’est un citoyen marandais, M. Barthélemy Fabbro, qui permettra la construction d’un clocher en 1988 grâce à un don. Il déplorait de voir l’église dans laquelle il avait fait sa première communion, demeurer sans clocher. À 93 ans, il décida d’offrir ce nouvel édifice à la ville et choisit le style. Une entreprise de la commune spécialisée dans la construction de mâts réalisa le nouveau clocher, rendant ainsi hommage au savoir-faire marandais ».
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Clochers-murs de Magnat-l’Étrange
L’église de ce village du Limousin illustre la définition d’un clocher-mur : c’est un exhaussement de mur que l’on perce de baies pour y loger les cloches. Une sorte de clocher du pauvre. Il a bien des avantages comme l’explique l’archéologue René Fage (1848-1929) : « un maître maçon intelligent et expérimenté peut en tracer le plan aussi bien qu’un architecte. Leur bâtisse et leur entretien ne coûtent pas cher. Ils sont robustes, peuvent braver les intempéries et les siècles ».
La particularité de Magnat-l’Etrange n’est pas d’avoir un clocher-mur (on en trouve beaucoup dans le Midi et le centre), mais d’en avoir deux. En prime perpendiculaires l’un par rapport à l’autre. Comprenne qui pourra cette disposition. En guise d’explication, Wikipédia rapporte néanmoins cette légende amusante :
« Avant de partir en croisade, le seigneur de Magnat promit au curé de la paroisse, s’il revenait vivant de son périple, de payer un clocher pour l’église. Mais son absence se prolongea et sa femme prit un amant. Désirant l’épouser, elle acheta l’accord du curé en payant le clocher promis par son mari. Mais malchance pour elle, son mari revint d’Orient quelque temps après. Il tua la femme et l’amant, mais, ayant promis le clocher à un homme d’Église, le fit construire malgré tout, ce qui explique la présence des deux clochers. »
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