Vous pensez que monastère et abbaye sont synonymes ? Vous croyez qu’un couvent n’accueille que des religieuses ? Il vous sera salutaire de réviser leur définition.
Si vous avez tendance à confondre abbaye, monastère et couvent, vous êtes pardonnés : ils se ressemblent beaucoup. Leur point commun ? Ce sont des établissements où des religieux ou des religieuses vivent en communauté.
Néanmoins, les trois termes ne sont pas interchangeables. Malheureusement, les propriétaires de certains sites historiques entretiennent, par abus de langage, la confusion. Combien vantent leur abbaye, qui n’était en fait qu’un prieuré ? Alors, avant votre prochaine visite, que les choses soient claires.
Pas d’abbaye sans abbé
Définir une abbaye est assez simple puisque la réponse se trouve à l’intérieur même du mot. Une abbaye implique un abbé (ou une abbesse). Ce personnage dirige la communauté religieuse enfermée dans l’abbaye, pour laquelle il agit en père ou mère de substitution. Chaque membre lui doit obéissance. L’abbé les guide sur le chemin de la perfection chrétienne, quitte à les châtier parfois. « Toi, tu ne t’es pas levé de ton lit pour la prière matinale, tu jeûneras de pain et d’eau pendant une semaine ! ».
Qui vit dans une abbaye ? Dans la plupart des cas, des moines. Autrement dit, des hommes et des femmes qui ont choisi de quitter le monde pour se consacrer à la prière, au service de Dieu, à l’imitation des apôtres. Une situation dans l’idéal. Car beaucoup se retrouvent cloîtrés sans rien avoir demandé. Leur famille a décidé pour eux.
Ça va, vous me suivez ? Oui ? Eh bien, je vais un peu ébranler vos certitudes maintenant. Dans certaines abbayes ne vit aucun moine. Pourtant, ce ne sont pas des maisons vides. Il y a bien un abbé, mais il dirige une communauté non pas de moines, mais de chanoines réguliers. De loin, les deux groupes se ressemblent (même tonsure, même vêtement), mais à la différence des moines, les chanoines réguliers conservent un pied dans le monde. Ils peuvent être curés de paroisse, chargés d’enseignement ou de soins. Leur mode de vie est plus souple que celui du moine.
Abbaye et monastère, une différence subtile
Passons au monastère. C’est un établissement religieux regroupant des moines ou des moniales. Ils vivent cloîtrés, en suivant une règle de vie. Au Moyen Âge, la plus répandue est la règle bénédictine. Inventée par saint Benoît au VIe siècle, elle répartit la journée monastique entre les séances de prières collectives (les offices), le travail et l’étude.
Si le monastère correspond à une communauté de moines ou de moniales, en quoi se différencie-t-il d’une abbaye ? J’admets que souvent, monastère et abbaye désignent la même chose. Les abbayes de Fontevraud, de Cluny, de Saint-Germain-des-Prés, de Cîteaux sont aussi des monastères.
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Cependant, comme j’ai tendance à être pointilleux, je ne peux pas vous laisser avec cette idée simple : monastère = abbaye. Toutes ces grandes abbayes précédemment citées, et bien d’autres, avaient sous leur dépendance des monastères dispersés dans tout le royaume de France et parfois au-delà. Des monastères de rang inférieur qu’on appelait généralement prieurés, car ils étaient gouvernés par des prieurs. Vous me voyez venir ? Comme on ne trouvait pas des abbés à la tête de ces monastères, on ne peut pas les désigner comme des abbayes.
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Courage, encore une dernière définition à comprendre.
Le couvent : ouvert aux hommes.
« Ma fille, je refuse que tu te maries avec cet homme. N’y compte pas. Dès demain, je t’envoie au couvent ».
Ah, le couvent, la sanction terrible pour les femmes amoureuses. Le mot fait aussi penser à ces pensionnats de jeunes filles dirigées par des religieuses.
Ce n’est pas faux, mais la réalité du couvent est plus diverse. D’abord, il n’accueille pas systématiquement des femmes. Si vous avez quelques souvenirs de la Révolution française, vous vous rappelez que Robespierre, Mirabeau, Danton… se réunissaient dans un club installé à Paris dans un couvent désaffecté de jacobins. Et non de jacobines.
Malheureusement, cette démonstration ne vous éclaire pas plus sur le sens du mot « couvent ». Au sens strict, un couvent est un établissement où vit une communauté religieuse, mais qui n’est ni une abbaye ni un monastère. Les couvents ne sont pas des abbayes parce qu’ils ne sont pas gouvernés par des abbés. Ce ne sont pas non plus des monastères, car non composés de moines ou de moniales. Qui habite alors dans les couvents ?
Des mendiants dans les couvents
Vous ne rencontrerez pas de moines ou de nonnes dans les couvents, mais des frères ou des sœurs (au sens religieux bien sûr). À la manière des chanoines, ils restent au contact de la population. Ils enseignent, ils soignent, ils confessent, ils prêchent. Cela dépend de la vocation de leur ordre. Au Moyen Âge, les plus connus sont probablement les ordres mendiants : les franciscains, les dominicains, les carmes, les clarisses… Installés en ville, ils vivent en théorie de la charité des fidèles. Leur activité de prédication peut les amener à sortir du couvent.
Par comparaison aux abbayes ou monastères, vous visiterez assez peu de couvents. Ils n’ont généralement pas grand intérêt. Leur architecture reflète leur pauvreté. Fermés à la Révolution, ils sont devenus aujourd’hui des centres culturels, des salles de spectacle, des bibliothèques, des immeubles de standing…
A retenir
- Les abbayes sont des établissements religieux dirigés par des abbés
- Les prieurés, d’un rang inférieur aux abbayes, sont des établissements religieux dirigés par des prieurs
- Les monastères sont des établissements religieux rassemblant une communauté de moines ou de chanoines réguliers. Ils peuvent être abbaye ou prieuré.
- Les couvents sont des établissements religieux, non monastiques. Dans les faits, le mot renvoie souvent aux demeures collectives des frères mendiants.
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