Dès le lendemain de l’incendie, le président Macron veut que la cathédrale de Paris soit rebâtie d’ici cinq ans. Point de départ d’une course contre la montre qui mobilise plus d’un demi-milliard d’euros et plus de 2000 artisans.
Le chantier de restauration de Notre-Dame de Paris s’étale entre 2019 et 2024. Malgré quelques imprévus et polémiques, il est mené dans les temps. Retour sur 40 dates importantes.
2019 : L’incendie et le début des travaux
– 15 avril. Vers 18 h 20, une alerte incendie se déclenche dans la cathédrale. Mais il faut une deuxième alerte et une vérification sur place pour que les pompiers soient appelés. À 19 h 50, la flèche de Viollet-le-Duc s’écrase sur les voûtes. Plus de 400 pompiers de Paris et d’Île-de-France sont mobilisés contre le feu. Des œuvres sont immédiatement mises à l’abri alors que l’incendie continue.
– 16 avril. À 9 h 15, les pompiers considèrent l’incendie éteint. Après 15 h d’embrasement, il ne reste plus rien de la charpente de la nef, du transept et du chœur.
– 18 avril. Commence la phase de sécurisation de l’ouvrage. On craint en effet un effondrement des murs et des voûtes.
– 25 juillet. Le chantier de sécurisation et d’évacuation des décombres est arrêté, le temps de mesurer l’impact de la pollution au plomb des sols dans la cathédrale et aux alentours. Le plomb provient de la fonte de la couverture. L’État craint une intoxication des ouvriers et des riverains.
– 19 août. Après une phase de dépollution de toutes les surfaces (rues, pierres…), le chantier reprend. Il est doté de moyens de décontamination pour les ouvriers et d’un protocole de sécurité renforcé.
– 28 novembre. Chargé du pilotage du chantier, l’établissement public dédié à la conservation et à la restauration de Notre-Dame est créé. Le général Jean-Louis Georgelin en est nommé le président.
– décembre. Tous les arcs-boutants ont reçu des cintres. L’opération a pour but d’annuler la poussée dangereuse qu’ils exercent sur les murs libérés du poids de la charpente.
2020 : Sécurisation et premiers travaux de restauration
– 16 mars. Après des interruptions provoquées par les conditions météorologiques hivernales, le chantier est mis en pause suite à la pandémie Covid-19 et au confinement.
– 27 avril. Le chantier reprend.
– 31 mai. Le parvis de la cathédrale rouvre après sa dépollution au plomb.
– 9 juillet. Après quelques polémiques, Emmanuel Macron acte la restauration à l’identique de la flèche disparue. Il n’y aura pas de projet « contemporain ».
– Septembre. On teste des protocoles de nettoyage des murs dans deux chapelles recouvertes de suie et de crasse.
– Automne. Des appels d’offres sont lancés pour la restauration
– 24 novembre. Les cordistes ont enfin réussi à démonter entièrement l’échafaudage métallique installé peu avant l’incendie et tordu par les flammes. Un nouvel échafaudage s’élève autour de la cathédrale.
– 9 décembre. Le démontage du grand orgue est achevé dans la perspective d’en nettoyer les 8000 tuyaux.
2021 : le basculement du chantier
– Mars. Les premiers chênes, nécessaires à la reconstruction de la flèche, sont coupés. On prévoit d’en abattre plus de 1000, un peu partout en France.
– Juin. Les statues des apôtres, qui ornaient la base de la flèche, sont restaurées totalement. Elles avaient été retirées quelques jours avant l’incendie.
– Juillet. Depuis plusieurs mois, des cintres sont placés sous les voûtes dont on craint toujours la fragilité. La cathédrale est désormais totalement hors de danger.
– Été. Les gravats stockés au sol ou au-dessus des voûtes sont entièrement retirés.
– 18 septembre. Le général Georgelin annonce la fin des travaux de sécurisation et de consolidation de la cathédrale et lance la phase de restauration.
– Octobre. L’intérieur commence à être nettoyé de sa couche de saleté.
– Décembre. Le programme de réaménagement intérieur de l’archevêché qui prévoit notamment l’acquisition d’un nouveau mobilier reçoit un avis favorable alors que sa touche contemporaine et multimédia ne fait pas l’unanimité. Lire aussi : Polémique : l’intérieur de Notre-Dame de Paris sera réaménagé
2022 : Début de la restauration des éléments majeurs
– Janvier : La restauration des voûtes et des maçonneries démarre.
– 2 février-8 avril. Les archéologues de l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) font des fouilles à l’endroit où sera posé l’échafaudage nécessaire à la construction de la flèche. Sous la croisée du transept, ils découvrent plus de 500 blocs et fragments de sculptures polychromes issus du jubé du XIVe siècle et de deux sarcophages en plomb. On découvre aussi, sous le parvis, une église sans doute carolingienne, ancêtre de la cathédrale actuelle. Lire aussi : Notre-Dame de Paris : enjeux des fouilles archéologiques
– Mars. On extrait les pierres calcaires nécessaires à la reconstruction des voûtes. Ces pierres, provenant d’une carrière de l’Oise, ressemblent beaucoup à celles employées au XIIIe siècle.
– Juin. Les vitraux des baies hautes, encrassés, sont démontés pour nettoyage.
– Octobre. Les chapelles et les sculptures du tour du chœur commencent à être nettoyées et retrouvent la couleur de leur peinture.
– Novembre. Dans le transept nord, une première voûte, crevée par la chute de la flèche, est totalement restaurée.
– Décembre. De grands cintres en bois sont posés pour supporter la nouvelle voûte de la croisée du transept.
2023 : Reconstruction de la flèche
– Avril. Est posé le tabouret, structure de bois destiné à supporter la flèche. Lancement de la reconstruction de la flèche d’Eugène Viollet-le-Duc
– Juillet. On installe les premières fermes (structures triangulaires de la charpente) au-dessus des voûtes.
– 18 août. Mort accidentelle du général Georgelin, président de l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration. Il est remplacé par Philippe Jost, haut fonctionnaire.
– Décembre. La charpente de la flèche est posée et assemblée. Béni au sol par l’archevêque Mgr Laurent Ulrich, un coq en cuivre doré est posé au sommet, soit à 96 m de haut. Greenpeace dénonce un « scandale sanitaire » à cause de l’usage prévu du plomb comme matériau de couverture.
2024 : Jeux olympiques et réouverture
– 12 janvier. La nouvelle charpente est achevée. Un bouquet est accroché au faîte, conformément à la tradition des bâtisseurs.
– Février. Le démontage de l’échafaudage révèle la nouvelle flèche, laquelle reçoit une couverture et des ornements en plomb. À l’intérieur de l’église, les grilles du chœur (XVIIIe siècle), nettoyées, retrouvent l’éclat de leur dorure.
– 24 mai. La charpente de l’abside reçoit une grande croix.
– Été. La flèche domine le ciel de Paris pendant les Jeux olympiques.
– Novembre. Un nouveau mobilier liturgique est installé.
– 8 décembre. La cathédrale Notre-Dame de Paris rouvre officiellement au public.
Au final, le délai fixé par le président Macron — 5 ans — a été respecté malgré quelques aléas (COVID, pollution au plomb, décès du général Georgelin). À ce jour, le coût du chantier est estimé à 700 millions d’euros. Ce que couvrent les 850 millions d’euros obtenus grâce à la souscription nationale. Mais il reste encore des travaux, notamment pour guérir les pathologies antérieures à l’incendie et aussi pour réinstaller les statues des apôtres à la base de la flèche. « Le chantier du siècle » n’est pas terminé.
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