Renforcées de pont-levis, de herse et d’autres moyens défensifs, les entrées des châteaux paraissent infranchissables. Et pourtant les assiégeants les ont souvent ciblées. Sans toujours se casser les dents.
Parfois les portes sont de simples ouvertures au pied d’un mur, mais dans les grands châteaux, c’est un édifice autonome et redoutablement défendu par différents éléments architecturaux.
Afin de mieux s’en rendre compte, mettons notre casque, serrons notre épée et courons jusqu’à l’entrée. Quels obstacles se dressent devant nous ?
Franchir le pont-levis
Dans notre course pour s’emparer de la porte, il faut d’abord espérer que le pont-levis est abaissé. Enjambant le fossé, le pont-levis semble indissociable des châteaux forts. Mais ils n’apparaissent qu’au début du XIIIe siècle, donc assez tardivement dans l’histoire castrale.
Dans notre exemple, nous imaginerons, coup de chance, que le tablier du pont est descendu. Disons que la chaîne de relevage est enrayée. Pour autant, notre approche n’est pas sans risque. La porte du château forme en effet un corps de bâtiment, cantonné de deux grosses tours. Nous sommes donc à la merci des tirs des défenseurs, qu’ils proviennent des meurtrières ou du sommet des tours.
Mais nous sommes chanceux. Évitant les flèches, nous franchissons indemne le pont-levis. Nous nous heurtons alors à la porte proprement dite. Constituée de lourds vantaux, cette porte n’est pas du genre à être forcée d’un simple coup d’épaule. D’autant qu’elle est renforcée de fers et barrée à l’arrière d’une ou plusieurs poutres en travers. Néanmoins, nous sommes équipés d’un bélier et mettons toute notre ardeur à enfoncer le bois.
Être pris au piège
Mais, derrière cette porte, les défenseurs ont très largement eu le temps de descendre la herse. La herse, c’est une grille que l’on fait glisser dans des rainures verticales afin de fermer le passage d’une porte. Nos coups de bélier ébranlent à peine le bois de la herse. En prime, agglutinés devant cet obstacle, nous subissons des tirs ennemis provenant des assommoirs. Les assommoirs sont un ou plusieurs trous dans le plafond par lequel les assiégés nous lancent des projectifs ou nous visent de leur flèche.
Face à cette avalanche, nous sommes contraints de reculer. Mais les défenseurs réussissent à nous piéger en abaissant une deuxième herse, installée plus en retrait. Nous nous retrouvons coincés entre les deux grilles. Il ne reste plus qu’à nous rendre.
3 façons de prendre la porte
À ce récit, il semble donc impossible de pénétrer dans un château par la porte, tant les obstacles s’enchaînent. Pourtant, des forteresses ont bien été prises par des assaillants qui sont passés par là. Comment est-ce possible ? D’abord, parce que les châteaux n’étaient pas tous aussi bien pourvus que dans notre exemple.
Sinon, voici trois moyens de forcer le passage :
– Par la surprise. La garnison n’est pas au courant de notre présence. Nous nous approchons de la porte en cachant nos armes sous nos vêtements. Une fois dans le passage, nous attaquons. Les défenseurs n’ont pas le temps de remonter le pont-levis, de fermer la porte et d’abaisser les herses.
– Par une contre-attaque. Nous assiégeons depuis plusieurs jours la forteresse. Les défenseurs pensent que c’est le bon moment pour tenter une sortie qui nous bousculera. Mais nous supportons bien cette attaque-surprise. Repoussés, les assiégés refluent alors dans le château. Le pont-levis repose au sol, la porte est ouverte et la herse relevée. Comme nous leur collons aux bottes, nous nous engouffrons sans obstacles dans la cour du château.
– Par la trahison. Dans ce cas, nous corrompons certains soldats de la garnison ennemie afin qu’ils laissent le pont-levis baissé et les herses relevées lors de notre assaut.
Vous voilà paré lors de votre prochain assaut de château. Ou plutôt lors de votre prochaine visite de château fort. Vous saurez repérer les différents dispositifs qui défendaient l’entrée. Paix oblige, certains ont pu disparaître comme les herses ou les assommoirs. Mais il en reste souvent des traces. À vous d’être attentifs.
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