Au cours de mes lectures ou de mes visites d’église, je tombe sur des objets énigmatiques, des architectures étranges ou des pratiques singulières… En voici 9 exemples qui pourraient vous amuser ou vous rendre perplexes.
La baignoire de la cathédrale de Metz
Ce mobilier sculpté est déposé dans la cathédrale de Metz à la fin du XVIe siècle. Mais d’où venait-il ? Probablement d’Égypte d’abord. Car sa belle pierre dure, le porphyre, ne s’extrait que là-bas. Reste la question du premier usage de cet objet. Vers 1600, l’ingénieur Chastillon l’interprète comme une baignoire récupérée dans les thermes antiques de la ville. L’explication ne convient pas, car au fond de la supposée baignoire, manque l’indispensable trou de vidange.
La réponse importe d’autant plus qu’on retrouve des « cuves » semblables dans d’autres églises.
Quel drôle d’idée d’offrir une baignoire ! Les chanoines l’utilisèrent comme fonts baptismaux puis bénitier.
Dans tous les cas, le rôle antérieur de ces cuves est débattu. Aujourd’hui l’interprétation la plus assurée est d’y voir des tombeaux antiques.
Apparence trompeuse
Je prenais ce mobilier pour un autel. Alexandre, le guide local, m’a détrompé. En Bretagne, il s’agit d’une table d’offrandes. Les fidèles y déposaient des dons en nature. La fabrique, c’est-à-dire le conseil paroissial, se chargeait de les vendre aux enchères et gagnait ainsi l’argent nécessaire pour l’entretien de l’église.
Une victime de son succès
Avec cette photo, je m’autorise une sortie hors de France. Dans la cathédrale de Francfort, les bénitiers s’installent par paire. Ils semblent si appréciés par les visiteurs et les fidèles qu’un panneau d’avertissement a dû rappeler les bons usages. Traduction du message : « Eau bénite : ne pas boire, ne pas se laver avec ».
Pour les ermites sociaux
Dans le roman Notre-Dame de Paris, Victor Hugo met en scène Gudule, une femme affligée par l’enlèvement de sa fille. Malheureuse, elle s’est laissée emmurer dans le « Trou aux Rats », une cellule bâtie à un angle de rue, près de la cathédrale. Seule une lucarne fermée de barreaux lui permet de communiquer avec le monde extérieur. Par l’ouverture, les passants lui offrent de quoi se nourrir.
Ce n’est pas une invention de romancier. Il existait bien des reclusoirs où des laïcs s’enfermaient pour l’éternité et priaient. Vous pourrez encore voir celui de Mouzon (Ardennes) dans l’église Notre-Dame
Lire aussi : les puits dans une église
Marée haute pour terriens
Une dizaine d’églises en France sont dotées d’horloges astronomiques. Elles donnent aussi bien l’heure que des informations cosmographiques. Celle de l’abbatiale de Fécamp (Seine-Maritime) a son petit truc en plus. En effet, on peut y lire :
- Les heures et minutes
- les phases de lune (à partir du globe au-dessus)
- le jour du mois lunaire (grâce au cadran sur fond noir, marquée jusqu’à 29)
- et… la hauteur de la marée ! L’information se lit à travers une ouverture dans le cadran central.
Ce genre d’indication originale se justifie au regard du rôle portuaire de Fécamp. Par contre, je ne sais pas ce que les moines, contraints à vivre dans l’enclos monastique, pouvaient en faire.
La béquille de Mirande
Dans cette petite ville du Gers, le clocher semble avoir donné des sueurs froides aux habitants. Au fil des siècles, il s’inclinait vers la rue. Afin d’éviter la chute, on a érigé des arcs-boutants dans la seconde moitié du XIXe siècle. Ce contrebutement barrait cependant la rue : on le perça d’une arche.
Un clocher maladroit
Deux choses m’interpellent dans ce clocher. D’abord sa forme : il porte des hourds, une galerie de bois défensive. Nous sommes face à un clocher fortifié. La deuxième raison de mon étonnement est son emplacement. Non, on ne met pas là un clocher. Vous le placez en façade, au milieu ou à la rigueur sur le côté, mais pas au bout de l’église, au-dessus d’une abside ! Qu’est-ce qui est passé par la tête des bâtisseurs de cette église du Mâconnais ? Le résultat est à ma connaissance unique.
Les étagères de la nuit
On dirait un titre de roman. Mais il désigne ici une pratique funéraire originale en Bretagne. Dans les cimetières, la place manquait au fil de l’accumulation des morts. De temps en temps, on exhumait donc des corps. Soit les os étaient dispersés dans des ossuaires, soit on recueillait pieusement le crâne pour le mettre dans une boîte en forme d’église.
Sur chacune, est précisé le nom du défunt, voire sa fonction et sa date de mort. À Saint-Pol-de-Léon, ces « reliquaires » sont aujourd’hui installés sur des étagères. Face aux vols, on se décida à les mettre derrière des barreaux !
On n’a pas de pétrole, mais on a des idées
En octobre 2021, dans la commune de Saint-Hilaire-le-Châtel, les élus coupent le ruban tricolore. Mais qu’inaugurent-ils ? Sûrement pas l’église qui semble là depuis des siècles. En fait, la commune percheronne souhaite marquer l’installation de panneaux photovoltaïques sur le toit ! Regardez bien la photo.
À défaut d’être très esthétique, cette solution énergétique est financièrement astucieuse : l’État et les collectivités la subventionnent partiellement et la vente à EDF de l’électricité produite remboursera le prêt engagé par la municipalité pour les travaux.
L’idée fera-t-elle école dans notre pays sans pétrole ?
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